Infirmières référentes, l’accompagnement clé pour les patientes

Cancer sein

L’annonce du diagnostic d’un cancer du sein est un véritable bouleversement. Tout au long du parcours thérapeutique, les infirmières référentes sont là, en fidèles anges gardiens, pour accompagner et guider les patientes mais aussi leurs proches. Dans cette épreuve, grâce aux tests génomiques, la chimiothérapie n’est pas automatique au vu des cas où ses bénéfices sont incertains. Véritable révolution dans le traitement de certains cancers hormonodépendants, ils permettent de déterminer le risque de récidive d’un cancer et donc la nécessité ou non de recourir à la chimiothérapie. Entretien réalisé auprès de Sarah Augsburger et Aurélie Monnier, infirmières référentes (« breast care nurses ») au Centre du Sein du Centre hospitalier de Bienne. 

Par Adeline Beijns

Lorsque le diagnostic d’un cancer hormonodépendant est posé, quelles sont les différentes options thérapeutiques ?

Les différents traitements possibles vont dépendre de la spécificité et de l’agressivité de la tumeur cancéreuse. Dans le cas d’un cancer hormonodépendant, sa croissance est stimulée par les hormones féminines c’est-à-dire les œstrogènes et la progestérone. Lors de l’analyse de la tumeur, le pathologue examine si les cellules cancéreuses présentent des récepteurs hormonaux qui pourraient être sensibles à une hormonothérapie qui va freiner ou arrêter leur développement. A cette hormonothérapie, il est possible que le Tumor Board, c’est-à-dire le conseil de médecins regroupant divers spécialistes, décide qu’une chimiothérapie, une immunothérapie, une chirurgie ou encore une radiothérapie soit nécessaire. Une combinaison de ces traitements est parfois aussi recommandée en fonction du cas de la patiente. Donc nous parlons d’un traitement personnalisé à chaque patiente.

En ce qui concerne la chimiothérapie, est-ce que la perte des cheveux est vraiment inévitable ?

Les effets indésirables de la chimiothérapie peuvent être nombreux et variés et dépendent beaucoup, non seulement des produits utilisés mais aussi de leur dosage. Outre la fatigue, la perte de cheveux mais aussi des cils, des sourcils, des poils pubiens et axillaires, se produit souvent mais pas toujours. C’est de toute évidence un aspect très important que nous, en tant qu’infirmières, abordons avec la patiente avant le début des traitements et que nous réévaluons tout au long du parcours de soin.

Les femmes ont souvent très peur de la chimiothérapie, que pouvez-vous dire pour les rassurer à ce sujet ?

Pour un groupe spécifique de patientes, il est possible d’échapper à la chimiothérapie si l’on peut déterminer que cette dernière n’apportera aucun bénéfice par rapport au risque de récidive et n’améliore pas la survie. Cela évite les effets néfastes du traitement. Dans ce cas, les tests génomiques, qui sont une véritable révolution dans le traitement des cancers du sein. Ils permettent d’indiquer si le risque de récidive du cancer est élevé ou non, et si une chimiothérapie ajoutée à l’homonothérapie pourrait s’avérer utile ou non. Dans de nombreux cas, la patiente évite une chimiothérapie qui se serait révélée inutile même parfois en cas d’atteinte ganglionnaire.

Le parcours est déjà lourd, est-ce que le test génomique nécessite une intervention supplémentaire ?

Non pas du tout. Un tel test est réalisé sur les tissus de la tumeur de telle sorte qu’une intervention supplémentaire n’est pas nécessaire puisqu’il se réalise sur les cellules tumorales qui ont déjà été prélevées lors d’une biopsie, d’une tumorectomie ou d’une mastectomie.

Est-ce que la patiente doit faire des démarches spéciales pour ce test ?

La patiente n’a rien à faire hormis d’être d’accord. L’assurance maladie n’a pas besoin d’être contactée. Les tests génomiques sont pris en charge par la LaMAL depuis 2015 en cas de cancer du sein hormonodépendant, HER2 négatif, jusqu’à 3 ganglions atteints.

Est-ce que vous suivez les patientes tout au long du parcours ?

Oui dès le début c’est-à-dire dès qu’un diagnostic est posé et bien avant que les traitements ne commencent. Nous essayons de tout mettre en place pour que ces femmes et leurs proches aient le soutien dont elles ont besoin en fonction de leur situation spécifique. Lorsque le chemin thérapeutique a commencé, nous les soutenons et veillons à gérer au mieux les effets secondaires qu’elles pourraient ressentir.

Nous veillons aussi, bien sûr, à répondre à toutes les questions qu’elles se posent et à les orienter, par exemple, vers des spécialistes en fonction de leurs peurs si elles en ressentent le besoin. Il peut s’agir d’un accompagnement par les psycho-oncologues ou spirituel mais aussi de l’organisation de groupes de parole ou d’ateliers gratuits qui s’appellent « Look good, feel better » qui visent à donner des conseils esthétiques aux patientes.

En tant qu’infirmières référentes, nous avons accès à un réseau constitué de personnes médicales et non médicales qui peuvent aider à mieux vivre cette période parfois très difficile et nous essayons de donner tout l’encadrement qui est nécessaire et utile.

Cet article a été réalisé avec l’aimable soutien d’Exact Sciences International Sàrl
L’indépendance de l’opinion des infirmières a été entièrement respectée

Cet article vous a plu ?
Abonnez-vous à la version papier Salle d’attente pour avoir accès à toutes les informations sur le sujet: témoignages, tests, adresses utiles, infographies et autres.
Alors n’attendez-plus !
CHF39.00

Loading

Partagez sur

Facebook

Plus d’articles :

L’intelligence artificielle révolutionne le domaine médical

L’intelligence artificielle (IA) transforme de nombreux aspects de notre vie quotidienne, et le secteur médical n’échappe pas à cette révolution. De l’amélioration des diagnostics à l’efficacité des soins, en passant par le développement de nouveaux médicaments, l’IA promet de métamorphoser le monde de la santé. Découvrons ensemble comment l’IA est en train de redéfinir les pratiques médicales et de rendre les soins de santé plus efficaces, précis et accessibles.

Loading

Lire la suite »

Entre souffles et promesses : lutter contre la fibrose pulmonaire idiopathique

Né dans l’après-guerre en Allemagne et confronté dès l’enfance à des problèmes pulmonaires, Peter a toujours su que sa vie ne serait pas exempte de défis. Sa biographie débute à Sarrebruck et le conduit à travers une vie riche en expériences et en voyages, jusqu’à son installation en Suisse, où il construit sa vie professionnelle et familiale. Mais c’est son amour inébranlable pour sa femme qui définit le plus son existence, un amour qui est mis à l’épreuve alors qu’une maladie insidieuse prend racine.

Loading

Lire la suite »

OSE Thérapies : un soutien essentiel pour les personnes atteintes de cancer

À Lausanne, une association se distingue par son engagement exceptionnel envers les personnes touchées par le cancer : OSE Thérapies. Cette organisation à but non lucratif se consacre à offrir un accompagnement holistique aux patients en traitement ou en rémission. OSE Thérapies propose un éventail d’activités physiques et créatives adaptées, ainsi que des thérapies complémentaires visant à améliorer le bien-être physique et psychologique.

Loading

Lire la suite »

Partie 2 : La persévérance face à l’adversité : l’évolution du combat d’Eric

Dans un monde où chaque jour peut apporter son lot d’incertitudes, des histoires de courage et de résilience comme celle d’Eric se distinguent. Notre édition d’avril avait levé le voile sur son combat contre la leucémie lymphoïde chronique (LLC), un parcours empreint d’espoir malgré les épreuves. Aujourd’hui, nous reprenons le fil de cette histoire remarquable, témoignant des rebondissements survenus depuis notre dernier récit.

Loading

Lire la suite »

Partie 2 : Nouveau chapitre dans la lutte contre la LLC : la suite de l’histoire de Manuela

Dans notre numéro d’avril (cf. flyer partie 1), nous avons commencé à raconter l’histoire touchante de Manuela, qui a reçu un diagnostic de leucémie lymphoïde chronique (LLC) à seulement 35 ans et qui a depuis parcouru un long chemin de lutte, d’espoir et d’adaptation à une nouvelle réalité de vie. Nous poursuivons maintenant son histoire, qui nous introduit dans les développements récents de son état de santé, son traitement et la manière dont Manuela fait face aux nouveaux défis, avec la même force et la même détermination que celles dont elle a fait preuve depuis le diagnostic.

Loading

Lire la suite »

Petits bobos, grandes aventures : prévenir et soigner

Chaque jour, que ce soit à la maison, lors d’une escapade en nature ou pendant une séance de sport, le risque de subir une blessure au moins mineure est toujours présent. Des activités apparemment banales peuvent parfois conduire à des plaies superficielles ou plus sérieuses. Savoir comment les traiter rapidement et efficacement est essentiel pour éviter des complications, garantissant ainsi que nos petites aventures restent de bons souvenirs plutôt que des mésaventures douloureuses.

Loading

Lire la suite »