Diabétiques, faites attention à vos yeux

Le diabète (de type 1 ou de type 2) est une maladie sournoise qui engendre bien souvent une atteinte de multiples organes dont les yeux, qui sont rarement épargnés. L’œdème maculaire diabétique (OMD) est une atteinte grave de la rétine pouvant aboutir à une diminution parfois irréversible de la vision. Les contrôles ophtalmologiques réguliers en cas de diabète, sont donc extrêmement importants. Entretien réalisé auprès de la Docteure PD Aude Ambresin, Spécialiste FMH en ophtalmologie et ophtalmochirurgie, spécialiste de la rétine à RétinElysée Lausanne et responsable de l’unité de rétine médicale de Swiss Visio Montchoisi Lausanne.  

Par Adeline Beijns

Qu’est-ce que l’œdème maculaire diabétique (OMD) ?

Il s’agit d’une conséquence grave du diabète qui survient lorsque les petits vaisseaux sanguins de la rétine sont abîmés. Cela peut entraîner l’accumulation de liquide dans la macula qui est la partie centrale de la rétine responsable de la vision permettant la lecture et la vision fine des détails. Les conséquences sont un gonflement voire un épaississement de cette zone qui compromet alors sa fonction.

Les principaux facteurs de risque de l’œdème maculaire diabétique sont la durée et le mauvais contrôle du diabète, ainsi que de la tension artérielle. En Suisse, il n’y a malheureusement pas de données épidémiologiques robustes concernant la prévalence de cette rétinopathie diabétique, mais on peut estimer qu’environ 2-3% de la population serait touchée.

Est-ce que l’OMD touche aussi bien les diabétiques de type 1 que celles et ceux du type 2 ?

Oui absolument, bien que beaucoup plus fréquent pour les patients souffrant d’un diabète de type 2. Quel que soit le type de diabète, s’il est mal équilibré, les patients peuvent développer une maculopathie diabétique en raison des hyperglycémies qui génèrent des problèmes au niveau des vaisseaux sanguins. Bien que l’impact aux yeux, d’un diabète mal équilibré, puisse se faire à différents niveaux, c’est surtout au niveau de la rétine qu’il se fait ressentir car ce tissu fait de neurones et de cellules de soutien est nourri par une multitude de vaisseaux et de capillaires.

Quels sont les signes qui devraient alerter le malade ?

L’œdème maculaire diabétique ne présente pas de symptômes douloureux. Elle est la principale cause de la diminution de l’acuité visuelle chez les personnes diabétiques. Il peut provoquer des troubles de la vue souvent plus marquée de près comme un flou sur une image ou un texte, une diminution des contrastes mais aussi des couleurs ainsi qu’une perte de la vue à de degrés différents. Cela peut ainsi aller d’une vision à peine modifiée jusqu’à une diminution importante de la vue.

Comment l’OMD, impacte-t-il la qualité de vie des patients ?

Au quotidien, les conséquences peuvent être très importantes car les personnes atteintes peuvent rencontrer des difficultés majeures à accomplir les tâches habituelles telles que lire et conduire. Mais de manière beaucoup plus importante, cette perte d’acuité visuelle précise et fine peut avoir un impact majeur sur la gestion des injections d’insuline et la prise de différents médicaments. Les conséquences sont donc considérables non seulement sur la qualité de vie (personnelle et professionnelle), l’autonomie des patients, mais aussi sur le suivi de leur traitement.

Quelles sont les conséquences sur la vue du patient s’il n’est pas traité ?

Si l’œdème maculaire diabétique n’est ni décelé ni traité, à long terme cela peut conduire à une perte significative de la vue voire à la cécité.

Quels sont les traitements envisageables ?

L’OMD est traité dans la majeure partie des cas uniquement s’il existe une baisse de la vision associée. Hormis le respect d’une bonne hygiène de vie, le contrôle du diabète et de la tension artérielle, le traitement de première ligne est fait par des injections médicamenteuses intravitréennes c’est-à-dire dans le corps vitré de l’œil. Ces injections sont parfois complétées secondairement par des lasers pour un traitement plus ciblé. Ce n’est que dans de très rares cas qu’il faut recourir à la chirurgie.

Ainsi, de nos jours, grâce à une bonne hygiène de vie, aux thérapies disponibles existantes et nouvelles qui semblent pouvoir atteindre une durabilité d’action augmentée, la qualité de vie des patients se voit nettement améliorée. Néanmoins, pour le maintien d’une qualité de vie optimale, le suivi doit vraiment se faire de manière régulière et constante

Est-ce qu’un diagnostic précoce pourrait prévenir l’apparition d’un OMD ?

Si le diabète est mal équilibré, il ne sera probablement pas possible d’éviter la survenance d’un OMD mais sa détection précoce peut limiter les dégâts car plus une rétinopathie est traitée tôt, plus grandes sont les chances de limiter l’atteinte visuelle du malade.

Ainsi, lorsque l’on souffre de cette maladie chronique, il faut faire des contrôles réguliers chez un ophtalmologue selon un rythme qu’il conseillera et être attentif à toute modification de sa vision qui devra alors faire l’objet d’un nouvel examen sans attente. Au début, hormis parfois une vision qui se trouble de façon intermittente, les symptômes sont très légers ou même absents mais il est primordial de la traiter à temps afin d’éviter des lésions irréversibles.

En tant qu’ophtalmologue, quelles sont vos recommandations ?

Il est important de consulter un ophtalmologue dès que le diagnostic de diabète est posé et d’avoir un suivi régulier. Mieux informés, les patients seront mieux traités. Au cours de ce suivi, au moindre doute, les patients ne doivent pas hésiter à demander conseil ou à en parler avec leur médecin traitant. Et bien sûr, en cas de trouble avéré de la vue, le patient devrait consulter immédiatement pour examiner la situation et commencer un traitement adapté si nécessaire.

Cet article a été réalisé avec l’aimable soutien de Novartis Pharma (Suisse) SA 
L’indépendance de l’opinion du médecin a été entièrement respectée

Vous avez aimé cet article ? Ne manquez pas :

Cet article vous a plu ?
Abonnez-vous à la version papier Salle d’attente pour avoir accès à toutes les informations sur le sujet: témoignages, tests, adresses utiles, infographies et autres.
Alors n’attendez-plus !
CHF39.00

Loading

Partagez sur

Facebook

Plus d’articles :

Quand un capteur de glycémie vient au secours de Noisette

Jacqueline, 42 ans, s’est toujours considérée comme une amoureuse inconditionnelle des animaux. En ce début du mois de janvier, elle remarque que Noisette, l’un de ses chats âgé de 13 ans et demi, présente un comportement étrange : il boit de plus en plus d’eau, semble en réclamer sans cesse et paraît même obsédé par l’idée d’y avoir accès. Inquiète de cette soif inhabituelle, elle décide de prendre rendez-vous chez son vétérinaire afin d’éclaircir la situation.

Loading

Lire la suite »

LLC : Pas de raison de paniquer !

L’histoire de Hansrudolf Jenny (73 ans) montre qu’un diagnostic de LLC n’est pas une fin en soi, mais peut marquer le début d’un nouveau chemin. Avec confiance, sérénité et un regard tourné vers l’avenir, il poursuit sa vie de manière consciente et active depuis son diagnostic. Plutôt que de laisser la maladie dicter son existence, il mise sur la connaissance, la confiance en la médecine et une attitude positive.

Loading

Lire la suite »

Leucémie lymphoïde chronique : l’importance d’une médecine personnalisée

La leucémie lymphoïde chronique (LLC) est une maladie du sang qui touche principalement les adultes âgés. Malgré son évolution généralement lente, la LLC peut avoir un impact considérable sur la vie quotidienne des patients. Les progrès récents dans le diagnostic et le traitement permettent une prise en charge de plus en plus personnalisée. Pour mieux comprendre le développement de cette maladie, l’importance des marqueurs génétiques et comment adapter le suivi à chaque patient, nous avons rencontré le Dr. Kaveh Samii, hématologue spécialiste de la LLC aux Hôpitaux Universitaires de Genève (HUG).

Loading

Lire la suite »

La médecine nucléaire, une alliée méconnue et précieuse

La médecine nucléaire est souvent méconnue du grand public. Pourtant, cette spécialité ancienne et fascinante, qui puise ses racines dans les découvertes révolutionnaires de Marie Curie, offre aujourd’hui des possibilités diagnostiques et thérapeutiques remarquables. Elle permet non seulement d’observer le fonctionnement interne des organes pour détecter précocement de nombreuses maladies, mais également de proposer des traitements innovants et ciblés, notamment grâce à la « théranostique », une approche prometteuse contre certains cancers difficiles à traiter. Le Dr. Olivier Rager, spécialiste en médecine nucléaire à la Clinique Générale-Beaulieu, nous éclaire sur cette discipline et répond aux interrogations les plus fréquentes.

Loading

Lire la suite »

Mélanome : le soleil, plaisir devenu cauchemar pour Kahina

Chaque année, des milliers de personnes sont touchées par le mélanome, un cancer de la peau souvent discret mais redoutablement dangereux. Kahina, 35 ans, contrôleuse de train dynamique et passionnée de voyages, a découvert brutalement les risques liés à l’exposition solaire excessive. Son parcours, marqué par l’angoisse, les traitements invasifs et une prise de conscience brutale, révèle combien la prévention et le dépistage précoce sont essentiels. Aujourd’hui, elle partage son histoire avec une grande générosité pour inciter chacun à prendre soin de sa peau.

Loading

Lire la suite »

Quand l’encre soigne l’âme : plongée dans l’univers du tatouage thérapeutique

Le tatouage n’est pas qu’une forme d’expression artistique ou une simple tendance. Il peut aussi être un véritable soutien dans un parcours de guérison ou de reconstruction, qu’il s’agisse de surmonter les séquelles d’un accident, d’une chirurgie ou d’une maladie. Laura Vicino, dermographe et entrepreneuse, a fait de cette approche thérapeutique une spécialité. Aujourd’hui, elle nous raconte comment l’encre et la créativité peuvent aider à se réapproprier son corps et à retrouver confiance en soi.

Loading

Lire la suite »