L’infirmière dans la prise en charge du cancer du sein

Selon le registre suisse du cancer1, plus de 6200 personnes sont touchées, chaque année, par le cancer du sein dans notre pays. Il s’agit du cancer le plus fréquent dans la population féminine bien que les hommes puissent aussi être touchés. Face aux peurs et aux questions que tout patient se pose tout au long du chemin thérapeutique, le rôle de l’infirmière référente est essentiel. Entretien réalisé auprès de Céline Guignon, infirmière référente au Centre du sein de la Clinique des Grangettes Hirslanden.  

Par Adeline Beijns

Pourquoi l’infirmière joue-t-elle un rôle clé dans la prise en charge du cancer du sein ?

Dès l’annonce du diagnostic, les patientes subissent un tsunami d’émotions et de questionnements pour lesquels, il est difficile de trouver les bons mots. Mon rôle débute ainsi dès l’annonce du diagnostic, en assistant au colloque multidisciplinaire, et perdure pendant toute la durée du traitement.

En accompagnant la patiente depuis le début, je peux lui expliquer le parcours à venir, clarifier ce que l’oncologue a mentionné, répondre aux questions d’organisation mais aussi et surtout, être un soutien émotionnel. Les patientes ont en effet besoin d’être rassurées et de se sentir en sécurité dans une période de leur vie où tout semble leur échapper et où tout est inconnu. Cela est particulièrement le cas pour les femmes célibataires, divorcées et sans enfants qui sont relativement isolées. Pour les femmes qui ont des enfants, nous nous occupons aussi par exemple de la coordination des rendez-vous et prenons contact avec des organisations qui offrent des gardes d’enfants et un soutien scolaire. Une infirmière référente peut aussi répondre aux questions financières du traitement qui sont souvent anxiogènes pour les patientes.

Comment les patientes réagissent-elles lorsqu’elles apprennent qu’elles devront suivre une chimiothérapie ?

Elles passent par plusieurs émotions telles que la peur, la tristesse et la colère qui sont toutes des mécanismes de défense. Les patientes se demandent souvent quels seront les effets secondaires de la chimiothérapie non seulement sur leur apparence mais aussi sur leur qualité de vie. Perdront-elles leurs cheveux, auront-elles mal, souffriront-elles de nausées ou de vomissements… Nous sommes là pour répondre à leurs interrogations en les accompagnant tout au long des étapes de la maladie tout en leur donnant les meilleurs moyens pour traverser cette épreuve.

Pourquoi la chimiothérapie peut-elle être anxiogène ?

Pour diverses raisons. Nous avons tous en tête l’image d’une personne qui a suivi une chimiothérapie : elle a généralement perdu ses cheveux et semble vraiment amoindrie et fatiguée. Cette image renvoie à la peur de souffrir voire de mourir pour certaines personnes. Ne sachant pas comment elles réagiront face au traitement, les patientes ont le sentiment de perdre le contrôle et ont peur des conséquences sur leur vie intime, familiale, sociale et aussi professionnelle lorsqu’elles peuvent maintenir un certain niveau d’activité.

Chaque cancer est différent et le choix du traitement est primordial. En quoi un test génomique peut-il aider les patientes ?

Réalisé sur les tissus de la tumeur prélevée lors de l’opération, un test génomique permet d’analyser l’activité de certains gènes au niveau des cellules tumorales. Selon l’activité de ces gènes, il définit le degré d’agressivité de la tumeur, le risque de récidive d’un cancer hormonosensible ainsi que le bénéfice potentiel d’une chimiothérapie adjuvante.

Il permet ainsi d’évaluer si les bénéfices de la chimiothérapie seront supérieurs à ses effets néfastes sur la patiente. Le test détermine en effet un risque de récidive sur base d’un score, par exemple entre 0 et 100, et permet de déterminer si la patiente tirera ou non un bénéfice d’une chimiothérapie. Dans de nombreux cas, la patiente évite une chimiothérapie qui se serait révélée inutile, même en cas d’atteinte ganglionnaire. Dans certains cas, par contre, le score indique que la chimiothérapie serait utile. Le test génomique est pris en charge par la LaMAl pour les cas de cancer du sein précoce (jusqu’à 3 ganglions envahis), hormonosensible et ne présentant pas de récepteur à la protéine HER2.

Comment assurer une prise en charge optimale des patientes ?

En offrant une écoute bienveillante et régulière (physiquement ou par téléphone) ainsi qu’un appui émotionnel sans jugements en fonction des besoins et du rythme de la patiente. Le but est d’avancer ensemble sur le chemin de la rémission. Une prise en charge est optimale lorsqu’on peut aussi s’appuyer sur un réseau de soutien que ce soit au sein de la Clinique ou en dehors en faisant appel par exemple à la Ligue genevoise contre le cancer qui offre de précieux conseils ainsi que des ateliers spécifiques relatifs à différents thèmes.

Référence :
1. www.NICER.org

Cet article a été réalisé avec l’aimable soutien d’Exact sciences International Sàrl
L’indépendance de l’opinion de l’ infirmière a été entièrement respectée

C’est quoi un test génomique ?? La réponse en image :

Cet article vous a plu ?
Abonnez-vous à la version papier Salle d’attente pour avoir accès à toutes les informations sur le sujet: témoignages, tests, adresses utiles, infographies et autres.
Alors n’attendez-plus !
CHF39.00

Loading

Partagez sur

Facebook

Plus d’articles :

Albinisme : entre mystère génétique et richesse culturelle

Longtemps entouré de mythes et de croyances, l’albinisme se caractérise par l’absence ou la réduction significative de la pigmentation de la peau, des cheveux et des yeux. Au-delà de l’apparence, cette condition génétique soulève des enjeux majeurs en matière de vision et de protection contre les rayons solaires. Les avancées scientifiques et sociales ont permis de mieux cerner le phénomène et d’améliorer la prise en charge des personnes concernées.

Loading

Lire la suite »

Hypermnésie : un don ou un fardeau ?

L’hypermnésie, ou mémoire exceptionnelle, fascine autant qu’elle intrigue. Ce phénomène rare, souvent perçu comme un don, peut aussi devenir un fardeau pour ceux qui en sont dotés. Comprendre ce trouble, ses causes et ses conséquences est essentiel pour saisir la complexité de ce fonctionnement hors norme.

Loading

Lire la suite »

Quand le genou fait soudainement grève

Damian a 35 ans, vient du Valais et aime la montagne. Pendant son séjour au Canada, les longues randonnées intensives avec sa compagne Céline faisaient partie intégrante du quotidien. Souvent, ils attaquaient directement la montée sans échauffement. Grimper jusqu’au sommet, faire une courte pause pour profiter de la vue, puis redescendre. Mais un jour, quelque chose a changé.

Loading

Lire la suite »

Thérapie psychosexuelle : à la croisée de l’intimité et de l’esprit

De plus en plus reconnue comme une approche globale et bienveillante, la thérapie psychosexuelle s’intéresse autant à la sphère psychique qu’à la dimension intime du patient. Elle propose des outils spécifiques pour accompagner toutes celles et ceux qui rencontrent des difficultés sexuelles ou relationnelles, souvent liées à des blocages émotionnels, des traumatismes ou des schémas de pensées limitantes. Pour en savoir plus, nous avons rencontré le Dr. Lakshmi Waber, Spécialiste FMH en psychiatrie et sexologue, Président et responsable de formation de la Société Suisse de Sexologie.

Loading

Lire la suite »

La salle d’attente : le couloir de l’ombre

Daniela Vaucher a traversé deux cancers et est aujourd’hui en rémission. Pendant toute la durée de ses traitements, c’est dans la salle d’attente de son oncologue qu’elle a tenu son journal intime — un refuge de mots et d’émotions face à l’inconnu. Dans une série de témoignages à paraître sur plusieurs éditions, elle partage avec nous son parcours, entre doutes, espoir et résilience.

Loading

Lire la suite »

Quand la maternité se conjugue au diabète gestationnel

Le diabète gestationnel est un défi dans la prise en charge des grossesses à risque, interrogeant tant les cliniciens que les chercheurs sur les meilleures stratégies de dépistage, de suivi et de prévention. Cette affection, qui se caractérise par une intolérance au glucose apparaissant au cours de la grossesse, soulève des questions essentielles concernant la santé maternelle et néonatale. À travers l’histoire de Marianne, 37 ans, qui a développé un diabète gestationnel lors de sa grossesse de Mathieu – aujourd’hui âgé de 3 ans – nous explorerons la réalité clinique de cette pathologie, ses implications et les perspectives d’amélioration de sa prise en charge en Suisse.

Loading

Lire la suite »