La cornée, une lentille très spéciale

L’œil est un organe sensoriel complexe et sensible assurant la perception visuelle. Convexe et transparente, la cornée est une lentille essentielle qui protège l’œil tout en laissant passer la lumière. Comme elle peut être le siège de nombreuses maladies, une visite régulière chez l’ophtalmologue est importante, surtout en cas de gêne, afin de pouvoir démarrer un traitement le plus rapidement possible. Entretien réalisé auprès de la Prof. Dr. med. Béatrice Früh, Médecin-chef adjoint, Clinique universitaire d’ophtalmologie, Université de Berne et Hôpital de l’Île.

Par Adeline Beijns

Qu’est-ce que la cornée et quelle est sa fonction dans la vision ?

La cornée est la partie transparente de l’œil qui recouvre sa partie antérieure composée de la pupille (l’ouverture au centre de l’œil), l’iris (la partie colorée de l’œil) et la chambre antérieure. La principale fonction de la cornée est de réfracter, ou de courber, la lumière. Son rôle est essentiel puisqu’elle est responsable de la focalisation de la plupart de la lumière qui entre dans l’œil.

Quelles sont les maladies qui affectent la cornée ?

Les pathologies peuvent être très diverses, avoir des origines très différentes et toucher les différentes souches de la cornée. Il peut s’agir ainsi de maladies infectieuses comme la kératite, dégénératives comme le kératocône, liées à un herpès ou encore héréditaires (on pense alors aux dystrophies).

Même si l’épithélium (la partie superficielle de la cornée) peut se régénérer après des lésions superficielles (provoquées par les ongles, feuilles de papier ou des griffes d’animal), des traumatismes plus importants liés à des accidents, peuvent entraîner la formation d’ulcères ou de cicatrices sur la cornée, qui perd alors sa transparence, ce qui entraîne une déficience visuelle. Comme l’épithélium est très sensible, toute atteinte se révèle rapidement douloureuse et peut causer rapidement un œil rouge, ce que les porteurs de lentilles de contact connaissent fort bien.

Qui est principalement touché ?

Lorsque la couche intérieure (endothelium) de la cornée est atteinte, comme dans les cas rares de complications liées à une opération de la cataracte, il s’agit généralement de personne ayant plus de 60 ans. Lorsque les troubles sont liés au port de lentilles, les patients sont beaucoup plus jeunes. Dans le cas du kératocône qui correspond à une déformation progressive de la cornée pouvant entrainer une baisse de la vision et qui survient principalement chez des patients jeunes, il évolue principalement entre 18 et 30 ans.

Pour les patients ayant des antécédents d’herpès oculaire, ils seront à risque de présenter des épisodes répétés d’atteinte cornéenne herpétique contre lesquels ils peuvent prendre des médicaments antiviraux.

Comment diagnostique-t-on ces pathologies ?

Une visite chez un ophtalmologue permet de détecter la majorité des maladies cornéennes à l’aide de
l’instillation de gouttes de fluorescéine. Pour les pathologies dégénératives comme le kératocône, une topographie cornéenne, qui permet d’analyser non seulement sa forme mais aussi sa courbure, ainsi qu’un scanner de la cornée (OCT) peuvent compléter l’examen de base, le comptage des cellules endothéliales.

Quels sont les premiers signes d’atteinte de la cornée ?

Cela dépend car il existe des pathologies asymptomatiques mais c’est une baisse d’acuité visuelle qui tire généralement la sonnette d’alarme. Pour le kératocône, l’un des premiers signes typiques est une vision floue ou encore la perception d’images fantômes multiples autour d’un objet.

Quelles sont les conséquences sur la qualité de vie des patients ?

Là aussi, cela dépend s’il n’y a qu’un seul œil atteint ou les deux. Mais de toute évidence, tout trouble de la transparence cornéenne entraînera une baisse visuelle qui affecte considérablement les patients dans leur vie de tous les jours.

Que peut-on faire pour prévenir les maladies de la cornée ?

Faire attention aux traumatismes en tout genre de manière générale. Lorsque l’on porte des lentilles de contact, il convient d’adopter une hygiène irréprochable. Dans le cas du kératocône, les causes de cette maladie demeurent toujours inconnues mais on pense que le frottement des yeux est un des mécanismes de déclenchement de la pathologie. Il convient d’y faire attention surtout s’il y a des antécédents familiaux.

Pour les patients souffrant déjà d’une maladie de la cornée, existe-t-il des solutions ?

Oui en fonction des cas et des patients, la greffe de la cornée que l’on appelle également la kératoplastie peut être envisagée. Selon la pathologie, elle sera perforante (toute l’épaisseur) ou lamellaire (seulement une partie ou une souche est transplantée). Il s’agit d’une intervention chirurgicale courante, bien maîtrisée et efficace qui consiste à retirer la cornée du patient et à la remplacer par la cornée d’un donneur. Comme la cornée n’a pas besoin d’un approvisionnement direct en sang, une compatibilité entre les groupes sanguins du donneur et du receveur n’est pas obligatoire ce qui augmente les possibilités pour les personnes en attente d’un don de cornée.

Le taux de réussite est généralement excellent, quelle que soit la gravité de la maladie et la technique chirurgicale employée. En ce qui concerne le kératocône, bien qu’il ne puisse pas être guéri, on peut stabiliser la déformation de la cornée grâce à la technique du cross-linking qui aide à maintenir une qualité de vision correcte. Cette opération peut être effectuée chez la plupart des patients atteints d’un kératocône progressif et consiste à augmenter la résistance mécanique du tissu qui constitue la cornée. L’application combinée d’un rayonnement ultra-violet et de gouttes permet de stabiliser la déformation de la cornée. 

Vous avez aimé cet article ? Ne manquez pas :

Cet article vous a plu ?
Abonnez-vous à la version papier Salle d’attente pour avoir accès à toutes les informations sur le sujet: témoignages, tests, adresses utiles, infographies et autres.
Alors n’attendez-plus !
CHF39.00

Loading

Partagez sur

Facebook

Plus d’articles :

La technologie au cœur de la prise en charge

Le diabète est une maladie chronique qui touche des millions de personnes dans le monde. Si cette pathologie est de mieux en mieux connue, de nombreux défis subsistent pour accompagner les patients au quotidien. Aujourd’hui, nous rencontrons la généraliste Dre. Dominique Durrer qui a été médecin associée aux Hôpitaux universitaires de Genève (Département Maladies Communautaires et Enseignement Thérapeutique) et Présidente de la Swiss Association for the study of Obesity (ASEMO).

Loading

Lire la suite »

Les cellules « zombies » nous rendent-elles malades ?

Nous cherchons tous à rester en pleine forme et être en bonne santé le plus longtemps possible, rêvant parfois de ne pas faire son âge. Dans mes chroniques My Life, j’ai déjà partagé des conseils pratiques pour préserver notre vitalité et inverser, autant que possible, les effets du temps. Pourtant, il reste tant à dire sur la recherche cellulaire, le rôle du sport, le rôle de la respiration, du sommeil, de la gestion du stress, ainsi que les bienfaits du chaud et du froid.

Loading

Lire la suite »

Idées reçues sur le surpoids : démêler le vrai du faux

Le surpoids et l’obésité sont souvent accompagnés de stigmatisation et d’idées préconçues qui simplifient à l’excès une réalité bien plus complexe. Ces clichés, non seulement injustes, mais aussi contre-productifs, freinent une compréhension globale et bienveillante des causes et des conséquences de cette condition.

Loading

Lire la suite »

Une infirmière à l’écoute : quand soutien et autonomie vont de pair

Rencontrer des professionnels de la santé passionnés par leur métier et dévoués au bien-être des patients est toujours une immense joie. Aujourd’hui, nous allons nous entretenir avec Ysia Landoni, infirmière à la Clinique de Carouge. Elle nous éclaire sur l’importance de l’implication des patients dans leurs choix de traitement et nous livre son expertise quant au rôle des soignants dans l’accompagnement au quotidien.

Loading

Lire la suite »