Une association au service des malades rares

7000 maladies rares sont connues de par le monde. Souvent, les patients, leur famille et leur médecin traitant se retrouvent démunis face aux pathologies et aux difficultés qu’elles impliquent. Créée en 2010, ProRaris est une association faîtière qui a pour mission de donner une voix aux malades rares. Entretien auprès d’Anne-Françoise Auberson, Présidente de l’association ProRaris. 

Par Adeline Beijns

Anne-Françoise, depuis 2011 vous êtes la présidente de ProRaris. Quelle est la mission de votre association ? 

Faire connaître et reconnaître les maladies rares, donner une identité « médicale ». En un mot, obtenir pour les patients concernés une égalité d’accès aux prestations de santé : accès à un diagnostic, à une prise en charge médicale, à la reconnaissance des assurances sociales et à un soutien psychosocial.

Tous ces éléments qui semblent « aller de soi » lorsque l’on est concerné par une pathologie connue, s’apparentent à un parcours du combattant quand on aborde la problématique des maladies rares.

ProRaris se devait dès lors de devenir le porte-parole de tous ces patients, baliser leur chemin, pallier un manque d’information chronique qui affecte tous les milieux concernés c’est-à-dire des professionnels de la santé aux patients, sans oublier tous les interlocuteurs de la vie courante (milieux scolaires, employeurs etc…).

Comment fonctionne l’association ?

ProRaris fonctionne avec un comité de bénévoles concernés par les maladies rares (soit à titre personnel, soit en qualité de proches de patients), soutenu par des scientifiques qui ont une grande expertise dans le domaine. Nous pouvons également nous appuyer sur une secrétaire générale, scientifique de formation qui a des connaissances très étendues dans tous les aspects de la problématique des maladies rares. Je voudrais souligner à quel point le travail de ce comité est exemplaire. Je mesure la chance de  ProRaris de bénéficier de pareilles compétences, issues à la fois de l’expérience et du professionnalisme.

Hormis la maladie, quels sont selon vous les principaux obstacles que doivent relever les patients et leurs familles ?

Vous ne serez pas étonnée si je vous dis que la plupart de leurs interlocuteurs sont en manque d’informations mais bien sûr pas pour toutes les pathologies. Le patient concerné, souvent cherche et trouve de l’information, ce qui représente beaucoup d’efforts, il faut taper à plusieurs portes, certains trouvent des réponses à l’étranger. Mais presque tous sont confrontés à l’absence d’espoir thérapeutique et à la chronicité. 

La journée des maladies rares aura lieu le 5 mars à l’Université de Zürich. Que peut-on prévoir au cours de cette journée ?

La Journée des maladies rares permet de faire le point, un état des lieux. La mise en place du concept national « maladies rares » bénéficie chaque année d’une prolongation de délais. Le registre des maladies rares a pu démarrer cette année avec des subventions publiques et les centres diagnostiques offrent une couverture à peu près complète de la Suisse.

L’année dernière, le Conseil fédéral a publié un épais rapport sur l’état des lieux en matière de maladies rares, tout y est dit : la reconnaissance de l’énorme travail accompli tant par les professionnels que par le bénévolat, le travail de ProRaris est mis particulièrement en valeur, c’est le cas aussi pour UniRares, l’association de ceux qui n’ont pas d’association car leur pathologie est « trop » rare. Et le constat est clair, il faut un soutien solide pour pérenniser ces efforts et assurer la situation des malades rares. Mais voilà, il n’y a pas de bases légales, il faut passer par la voie politique et la lenteur du processus ne me rassure guère.

Lors de la prochaine assemblée générale de ProRaris, vous laisserez votre poste de présidente. Quels conseils donnez-vous à votre successeur ?

Aucun ! je ne vais surtout pas établir de testament ou, pire encore, faire des recommandations. La personne qui s’engagera pour ProRaris le fera bien évidemment dans l’intérêt des patients. 

Voilà presque 2 ans que le monde est pour ainsi dire « bloqué » par la pandémie. Quel a été son impact sur la prise en charge des malades rares ?

Les malades rares ont bien évidemment été impactés, ils sont et restent solidaires. En raison de leur maladie, beaucoup font partie du groupe à risque. La maladie raremène souvent à l’isolement, ce que la pandémie a renforcé. Savez-vous par exemple que nombre d’entre eux n’ont pas accès au vaccin en raison de leur pathologie ?

Les bénévoles font un travail énorme au sein des associations. Pensez-vous qu’ils soient assez valorisés ?

Je répondrais que cette question est liée à la précédente : les bénévoles ont fait un immense travail de pionnier dans le domaine des maladies rares autour de certaines pathologies. Ils ont acquis des compétences essentielles, fondatrices sur lesquelles les professionnels concernés ont pu s’appuyer. Le bénévolat est exemplaire et indispensable mais attention à ne pas l’épuiser, le vider de sa substance. Vous me parliez de l’effet Covid : de nombreuses associations ont perdu des soutiens fidèles eux-mêmes impactés par la pandémie mais ces pertes-là ne bénéficient d’aucune compensation.

Le bénévolat pour les maladies rares a été fondamental pour la reconnaissance et l’accès à la prise en charge des patients alors que pour nombre de maladies dites fréquentes, il a suivi. Il est indispensable de soutenir le travail des associations, de veiller à leur éviter l’épuisement et le découragement.

Une association pour ne plus rester seul(e) :

https://www.proraris.ch

Cet article vous a plu ?
Abonnez-vous à la version papier Salle d’attente pour avoir accès à toutes les informations sur le sujet: témoignages, tests, adresses utiles, infographies et autres.
Alors n’attendez-plus !
CHF39.00

Loading

Partagez sur

Facebook

Plus d’articles :

Avec humour et force face à un double diagnostic

L’histoire de Hansruedi Berger montre comment faire face aux difficultés de la vie, on peut garder le sourire. Âgé de 80 ans, il affronte sa maladie chronique avec acceptation, humour et des souvenirs pleins la tête. Depuis qu’un test sanguin a révélé une arthrite rhumatoïde (RA) à laquelle s’est rajoutée une maladie pulmonaire interstitielle (fibrose pulmonaire), sa vie et sa vision des choses ont été boulversées.

Loading

Lire la suite »

Enfance et vision : prévenir pour mieux grandir

Lorsqu’il s’agit de la santé de nos enfants, chaque détail compte, y compris leur vision. La vue est l’un des sens les plus importants pour le développement global de l’enfant, jouant un rôle crucial dans l’apprentissage, la découverte du monde et les interactions sociales. Pourtant, il est souvent difficile pour les parents de savoir quand une consultation est nécessaire ou de reconnaître les signes précurseurs d’un problème visuel. Pour explorer ce sujet essentiel et apporter des réponses concrètes, nous avons rencontré la Dre. Anne Favard, Spécialiste FMH en ophtalmologie à Swiss Visio Lutry et Swiss Visio Martigny, spécialisée dans le traitement des strabismes, qui nous livre son expertise sur les questions de santé oculaire pédiatrique.

Loading

Lire la suite »

L’œil en lumière : structure et secrets

L’œil humain est un organe extraordinaire, complexe et délicat. Il joue un rôle crucial dans notre perception du monde en transformant la lumière en signaux nerveux que notre cerveau interprète comme des images. Relié au cerveau par le nerf optique, l’œil fonctionne comme une caméra naturelle, capturant chaque détail de notre environnement. Mais comment fonctionne cet organe fascinant ? Quels sont les éléments qui le composent et qui permettent cette prouesse ?

Loading

Lire la suite »

Tout savoir sur la cataracte : entretien exclusif

La cataracte est l’une des affections oculaires les plus courantes, affectant principalement les personnes âgées. Ce trouble de la vision peut profondément altérer la qualité de vie si il n’est pas traité à temps. Pour en savoir plus sur cette pathologie et ses traitements, nous avons rencontré le Prof. Christoph Kniestedt, spécialiste renommé en ophtalmologie.

Loading

Lire la suite »

Préserver sa vision face au diabète

Imaginez un monde où chaque couleur, chaque visage aimé, chaque coucher de soleil pourrait s’estomper lentement de votre vue. Pour des millions de personnes atteintes de diabète, ce n’est pas un scénario imaginaire, mais une menace bien réelle. Le diabète ne se limite pas à une simple question de sucre dans le sang ; il peut être un voleur silencieux de vision. Comment protéger nos yeux face à ce danger invisible ? Pour éclairer ce sujet crucial, nous avons rencontré la Dre. Aude Ambresin, spécialiste en ophtalmologie et ophtalmochirurgie.

Loading

Lire la suite »