Le chemsex, une pratique à haut risque !

Principalement connu dans la communauté gay et bisexuelle, le chemsex associe le sexe à la prise de drogues. Sous l’emprise de substances illicites et hautement toxiques, le réflexe de se protéger ne se fait pas toujours et peut conduire à des rapports sexuels sans protection, augmentant le risque d’infections sexuellement transmissibles.

Par Adeline Beijns

De quoi parle-t-on ?

Mot-valise combinant « chemical » (signifiant produits chimiques en anglais) et sexe, le chemsex est une pratique sexuelle minoritaire, principalement connue dans la communauté gay et bisexuelle.

Sous l’influence de drogues dures, les utilisateurs s’adonnent à des relations sexuelles libérées dans des cadres généralement différents à chaque fois, tant au niveau de la composition du groupe de participants (sexe en tête-à-tête ou en groupe) que des drogues utilisées (souvent une combinaison de plusieurs drogues) et de la durée de la « session » (plusieurs heures voire plusieurs jours). Les relations ont principalement lieu au domicile des hommes participants.

Le phénomène n’est pas nouveau, le chemsex dans le milieu gay existe depuis les années 1970 au moins et dans le monde entier. Ces dernières années, le mouvement s’est amplifié grâce aux applications de rencontres et sites internet dédiés mais aussi grâce aux voyages toujours moins chers et plus faciles.

Les principales raisons invoquées pour prendre de tels risques sont l’euphorie, la plongée dans un monde parallèle, la connexion avec les partenaires et l’exacerbation du plaisir que les drogues procurent en plus de l’acte sexuel.

Quelles sont les drogues consommées ?

Parmi les drogues les plus souvent utilisées avant ou pendant les rapports, citons les cristaux de métamphétamine (appelés Tina dans le milieu), le GHB (il s’agit du gammahydroxybutyrate qui est un anesthésiant utilisé en médecine pour ses qualités sédatives), le GBL (ou gamma-butyrolactone qui est un produit chimique utilisé comme solvant-décapant) ou la méphédrone (appelée « meow, meow », une substance proche des amphétamines).

computer error GIF

Considérées comme plus « classiques », le chemsex peut aussi inclure l’utilisation de kétamine (utilisée principalement en chirurgie vétérinaire comme anesthésique et analgésique à action rapide), cocaïne et speed.

Quels en sont les problèmes ?

La consommation de substances hautement toxiques est bien évidemment délétère non seulement pour le corps mais aussi pour l’esprit. Les crises d’anxiété, psychose, angoisse, convulsions, perte de conscience, paranoïa et dépression pouvant conduire au suicide ne sont pas étrangères aux utilisateurs.

Outre le risque d’overdose et le fait qu’elles peuvent créer une véritable dépendance, parfois après une prise unique, la désinhibition qu’elles induisent, favorise les rapports sexuels non protégés, le partage de seringues, la multiplicité des partenaires et les pratiques violentes.

Selon une étude publiée en 2018 dans le BMJ[1], les personnes s’adonnant au chemsex tout en suivant un traitement qui permet d’éviter la contamination par le VIH, ont 30% de risque supplémentaire de contracter une maladie sexuellement transmissible que les autres hommes suivant le même traitement mais ayant des relations sexuelles sans l’influence de drogues.

Les problèmes relationnels et sociaux tels que congés maladie répétés, licenciement, endettement et problèmes de logement ont également été souvent rapportés.

De plus, la question du consentement se pose également puisque les participants ne sont pas toujours en mesure de discerner ou d’exprimer l’absence d’accord lors de ces « rencontres ».

[1] https://sti.bmj.com/content/95/8/626

Pourquoi consulter ?

Certaines personnes peuvent se perdre dans le chemsex. L’addiction aux drogues et à des comportements sexuels excessifs et la contraction de maladies sexuellement transmissibles peuvent en effet entrainer l’isolement de celles et ceux se livrant à ces pratiques.

Il est donc important que ces personnes ou leurs proches aillent voir un spécialiste qui pourra leur recommander la meilleure approche à adopter pour sortir de cette pratique dangereuse.

Cet article vous a plu ?
Abonnez-vous à la version papier Salle d’attente pour avoir accès à toutes les informations sur le sujet: témoignages, tests, adresses utiles, infographies et autres.
Alors n’attendez-plus !
CHF39.00

Loading

Partagez sur

Facebook

Plus d’articles :

Traitements modernes de la douleur

La douleur, lorsqu’elle devient chronique, affecte profondément et durablement toutes les facettes de la vie. Des solutions efficaces permettent pourtant de rétablir une bonne qualité de vie et de voir l’avenir avec sérénité. Entretien auprès du Prof. Dr. Sam Eldabe, futur Chef du service d’antalgie à l’hôpital de Morges.

Loading

Lire la suite »

La Ligue vaudoise contre le rhumatisme

La Ligue vaudoise contre le rhumatisme (LVR) est une association à but non lucratif qui lutte contre les maladies rhumatismales. Elle soutient ses membres atteints de rhumatisme grâce à des actions de prévention et d’information.

Loading

Lire la suite »

L’ergothérapie pour calmer le mal de dos

Lorsque la douleur nous accapare, facile est la tentation de se soustraire aux gestes qui la ravive. Or, maintenir ceux-ci et garder son indépendance sont essentiels au processus de guérison. Entretien auprès de Maud Ismail, responsable du service d’ergothérapie à la Clinique Valmont de Glion sur Montreux.

Loading

Lire la suite »

Vivre avec la sclérose systémique

Pierre-Alain Wieland, né en 1960, sait que les hommes atteints de sclérose systémique parlent peu en public d’eux et de leur maladie. C’est ce qui le motive à raconter son histoire dans le cadre de cette interview.

Loading

Lire la suite »

Votre enfant est allergique au pollen, que faire ?

Le printemps approche et la plupart des enfants ont hâte de profiter du redoux pour aller s’amuser dehors. Mais pour ceux qui souffrent de rhinite allergique, les symptômes tels que le larmoiement et l’écoulement nasal sont parfois tellement forts qu’ils sont contraints de rester à la maison.

Loading

Lire la suite »

Le Top 5 des douleurs invisibles

Les douleurs, lorsqu’elles sont invisibles et chroniques, sont particulièrement difficiles à vivre. Handicapantes, elles n’ont pourtant ni couleur ni odeur qui permettraient de les faire exister pour l’entourage et de mieux les apprivoiser.

Loading

Lire la suite »