Sarcoïdose : « SE CONCENTRER SUR L’ESSENTIEL »

La sarcoïdose est une maladie rare qui s’exprime par la formation de nodules inflammatoires dans différents organes dont notamment la peau, les muscles, les articulations, les reins et le cœur. Les poumons sont le plus souvent touchés. C’est le cas de Julia*, 46 ans, célibataire et sans enfants, qui vit avec la maladie depuis plus de 30 ans. Rencontre.

Par Adeline Beijns

Un peu par hasard

Quand on a 15 ans, on a toute la vie devant soi. La maladie? On n’y pense pas, on la garde pour les vieux jours, lorsqu’on sera à la retraite. C’est du moins ce que pense Julia, adolescente de 15 ans et pleine de vie. Nous sommes en hiver 1990 et un mauvais rhume, une toux et un peu de fièvre, la poussent à aller voir son médecin généraliste. Une simple visite de routine, en principe. Le médecin, prudent et un peu sceptique quant à ce mal, l’envoie quand même faire une radiographie des poumons. Il a bien fait, une tache apparaît nettement sur le papier noir et blanc.

Source : Giphy

«Au pire, c’est un cancer du poumon», c’est en ces termes rassurants qu’il annonce à Julia que, désormais, rien ne sera plus jamais pareil. L’annonce, brutale, est suivie de près par une biopsie pulmonaire qui vient écarter immédiatement le spectre d’une issue fatale. Une sarcoïdose est diagnostiquée. Cette maladie rare touche près de 3500 personnes en Suisse.

Julia ne le sait pas mais contrairement à de nombreux patients, elle a beaucoup de chance. En effet, l’errance diagnostique dans le cas de la sarcoïdose, peut durer des années tant la maladie s’exprime par des symptômes très divers, n’affectant pas spécifiquement un seul organe même si dans plus de 90% des cas, les poumons sont touchés.

Déni et cortisone

« Ce n’est pas un cancer et le traitement, c’est de la cortisone» c’est ce que se dit alors Julia dont les parents, chose incompréhensible, ne seront même pas convoqués tant la maladie peut être maîtrisée «relativement simplement» par la prise de cet anti-inflammatoire et immunosuppresseur.

Mais Julia prend 30 kilos en peu de temps, «avec la cortisone, j’avais tout le temps faim alors forcément j’ai pris beaucoup de poids». Adolescente, c’est ce changement physique qui l’affecte le plus : « la cortisone vous fait gonfler en eau, j’avais l’impression d’être en permanence dans un K-way mouillé». Se souvient-elle d’autres détails de cette jeunesse supposée insouciante ? «Pas vraiment, j’étais dans le déni, je ne voulais pas penser à la sarcoïdose ».

Des périodes de rémission…

« …mais des radiographies des poumons à faire blêmir tous les pneumologues » confie cette battante, aujourd’hui âgée de 46 ans. « Mais malgré une grave atteinte des poumons, je considère que j’ai quand même beaucoup de chance car ma qualité de vie est encore très bonne. Je n’ai ni ostéoporose ni problèmes d’articulations » précise-t-elle. Un souffle court et une grande fatigue lui demandent cependant certains aménagements quotidiens : « je prends l’ascenseur et je dois sélectionner les activités que je peux faire». De sa maladie invalidante, Julia parvient à en voir le côté positif, «je me concentre sur ce qui va bien et sur l’essentiel, cela limite les combats inutiles ».

L’angoisse du coronavirus

Quid des gestes barrière? Pour Julia, «cela fait plus de dix ans que je les ai adoptés! Avec ma capacité pulmonaire limitée, je fais très attention en hiver de ne pas tomber malade». C’est donc dans l’angoisse qu’elle et ses proches, protecteurs et bienveillants, ont vécu la covid. Les médecins l’avaient en effet mise en garde quant à l’impact du coronavirus sur ses réserves pulmonaires limitées.

Source : Giphy

Partager ses expériences

«Lorsqu’on est atteint d’une maladie grave et rare, il est essentiel de pouvoir partager son vécu avec d’autres personnes qui comprennent ce que vous traversez. L’Association suisse contre la sarcoïdose m’a beaucoup aidée grâce, notamment, à ses groupes de parole» confie Julia pour qui il est important de rencontrer des gens qui vivent avec la sarcoïdose et pas seulement des médecins qui, aussi qualifiés et érudits soient-ils, ne connaîtront jamais le véritable impact physique et psychologique de la maladie.

Et ce soutien est d’autant plus important qu’une «maladie grave, vous fait souvent perdre des amis en cours de route. Heureusement, cela n’a pas été mon cas et mon entourage a toujours été très compréhensif envers moi » sourit-elle. Aujourd’hui, Julia témoigne pour donner du courage aux autres personnes atteintes de sarcoïdose, «ensemble, on est plus fort».

Des solutions existent, découvrez-les ! https://www.sarkoidose.ch/fr/

Cet article vous a plu ?
Abonnez-vous à la version papier Salle d’attente pour avoir accès à toutes les informations sur le sujet: témoignages, tests, adresses utiles, infographies et autres.
Alors n’attendez-plus !
CHF39.00

Loading

Partagez sur

Facebook

Plus d’articles :

Amyloïdose : Le diagnostic est un nouveau chapitre – pas la fin !

Markus Büel (76 ans) et Martin Bürgi (57 ans) sont atteints d’amyloïdose, une maladie rare. Dans cette interview, les deux fondateurs de « Amyloidose Schweiz », une association suisse contre l’amyloïdose, racontent leurs antécédents médicaux. Ils expliquent comment ils gèrent leur quotidien et pourquoi ils ont fondé l’association de patients.

Loading

Lire la suite »

Hypermnésie : un don ou un fardeau ?

L’hypermnésie, ou mémoire exceptionnelle, fascine autant qu’elle intrigue. Ce phénomène rare, souvent perçu comme un don, peut aussi devenir un fardeau pour ceux qui en sont dotés. Comprendre ce trouble, ses causes et ses conséquences est essentiel pour saisir la complexité de ce fonctionnement hors norme.

Loading

Lire la suite »

Rhume des foins : quand les pollens perturbent notre quotidien

Le rhume des foins, également appelé rhino-conjonctivite allergique saisonnière, est une affection qui touche une part significative de la population suisse. Selon les données disponibles, environ 20% des Suisses souffrent d’une allergie au pollen1. Cette prévalence élevée souligne l’importance de comprendre les symptômes, les profils des patients les plus touchés, les mesures préventives et les éventuelles complications associées à cette allergie.

Loading

Lire la suite »

Romain, l’éternel aimant à moustiques

Romain, 28 ans, adore sa petite maison près d’une rivière, entourée de nature. Le matin, il est réveillé par le clapotis de l’eau, le soir il profite du coucher de soleil sur sa terrasse. Tout pourrait être idyllique, mais ces fichus moustiques viennent gâcher la fête. Il ne comprend pas vraiment pourquoi, mais il est toujours celui que les moustiques choisissent. Il semble être le plat principal de leur buffet. Quand il est dehors avec ses amis, il peut parier qu’il aura à lui seul au moins dix fois plus de piqûres que tous les autres réunis.

Loading

Lire la suite »

Quand l’été bourdonne

Avec le printemps et l’été, arrivent les journées chaudes, les longues soirées et le moment idéal pour les aventures en plein air. Que ce soit pour des barbecues entre amis, des promenades tranquilles dans la nature ou de longues randonnées, c’est le moment de profiter pleinement du soleil et de l’air frais. L’été offre toutes les choses agréables que nous attendons toute l’année : du soleil, des heures de détente en plein air et la sensation de laisser le quotidien derrière soi. S’il n’y avait pas ce petit inconvénient bourdonnant : les moustiques.

Loading

Lire la suite »