Dermatite atopique, enfin un espoir

Maladie chronique inflammatoire de la peau aux symptômes fort handicapants, la dermatite atopique n’a pu être traitée adéquatement pendant longtemps. Depuis deux ans, les patients peuvent enfin bénéficier d’un traitement efficace pour apaiser leurs eczéma et démangeaisons. Entretien auprès de la Docteure Teofila Caplanusi, Cheffe de Clinique du service Dermatologie du CHUV.

Par Adeline Beijns

La dermatite atopique (DA) est considérée comme une maladie très répandue. Que savons-nous aujourd’hui de ses causes ? Quels en sont les symptômes ?

La dermatite atopique est une affection inflammatoire chronique, non contagieuse, de la peau qui se manifeste par poussées qui peuvent être plus ou moins sévères.

Le patient souffre alors de plaques d’eczéma et de fortes démangeaisons. La distribution et la forme des plaques rouges qui peuvent atteindre toutes les parties du corps sont très caractéristiques et permettent en général un diagnostic qui repose principalement sur le tableau clinique.

Bien qu’on ne connaisse pas encore tout sur ses causes, cette maladie est le résultat de l’action ou de l’action conjointe de différents facteurs, les plus importants étant la prédisposition génétique et les facteurs immunologiques en particulier liés à un processus inflammatoire ou les lymphocytes de type Th2 qui jouent un rôle central. Ce qu’il nous reste à identifier aujourd’hui, c’est si l’inflammation observée est la conséquence de la destruction cutanée ou si c’est l’inverse.

Dans quelle mesure une forme plus sévère de la DA limite-t-elle la vie du patient affecté ?

Le prurit c’est-à-dire les démangeaisons qui peuvent êtres sévères, a des conséquences notables sur la qualité de vie du patient qui, très souvent, n’ose plus sortir de chez lui. Lorsque les démangeaisons sont intenses la nuit, cela affecte le sommeil et donc aussi l’attention au cours de la journée. La présence de plaques rouges, parfois aussi sur le visage et le cou, a des conséquences directes sur l’estime de soi au travers du regard des autres.

Pendant longtemps, on a considéré que les options de traitement de la DA étaient limitées. Qu’en est-il aujourd’hui? Les patients peuvent-ils avoir de l’espoir ?

Il y a quelques années, les options de traitement étaient considérées comme très limitées mais fort heureusement, depuis 2 ans, il y a enfin de l’espoir. Pendant longtemps, les seuls traitements consistaient en l’administration de crèmes dermocorticoïdes c’est-à-dire à base de cortisone, et de médicaments immunosuppresseurs qui diminuaient l’activité du système immunitaire de manière générale, ce qui pouvait engendrer de nombreux effets secondaires.

Mais depuis 2 ans, un nouveau traitement est disponible et repose sur les médicaments biologiques. Ces anticorps monoclonaux sont particulièrement efficaces car ils vont se lier à un récepteur spécifique présent dans la peau qui joue un rôle très important dans le processus inflammatoire de la dermatite atopique. Les résultats sont très bons et il n’y a pas une baisse de l’activité du système immunitaire général comme c’était le cas dans les premiers traitements.

Sous forme de comprimés, il existe aussi les inhibiteurs de la molécule JAK qui donne des résultats rapides et très bons en ce qui concerne les démangeaisons et la survenance de plaques.

Que conseillez-vous aux patients qui ont peut-être déjà renoncé à une amélioration ?

Je leur dirais de ne jamais renoncer car la recherche a fait de nombreux progrès et nous disposons aujourd’hui de nouvelles options thérapeutiques que nous n’aurions pas pu espérer il y a quelques années. Il est important toutefois de consulter un médecin spécialisé dans un centre universitaire qui pourra trouver une solution à long terme pour contrôler l’eczéma et éviter les poussées sévères.

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