Mesdames, découvrez les secrets que renferme votre périnée …

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Un demi-million de femmes souffriraient d’incontinence urinaire en Suisse. Un chiffre important dont on parle peu car pour les femmes touchées, il s’agit d’un sujet tabou voire d’une honte. A tort. Entretien auprès du Docteur Daniel Faltin, spécialiste FMH gynécologie et obstétrique avec une formation approfondie en urogynécologie, à Carouge.

Par Adeline Beijns

Qu’est-ce que le périnée ?

De la forme d’un petit losange, le périnée est situé en bas du bassin au niveau de l’entrejambe. Il constitue un ensemble de muscles, de tissus et de ligaments qui maintiennent la vessie et l’urètre (devant), le vagin (au milieu) ainsi que l’anus et le rectum. Comme il s’agit d’une zone importante du corps regroupant différents muscles, je préfère le terme de diaphragme périnéal.

A quoi sert-il ?

Le périnée joue un rôle important dans différentes sphères liées à notre bien-être corporel. Pour résumer, on peut dire qu’il assure trois fonctions essentielles à savoir le soutien des organes, le contrôle du sphincter urinaire et du sphincter anal, ce qui lui confère un rôle primordial dans la continence et finalement la sexualité en permettant au vagin d’être plus tonique et ferme et de pouvoir laisser passer un bébé pour l’accouchement.

Quand parle-t-on de faiblesse du périnée? Quels sont les premiers signes auxquels il faut être attentif ?

Les femmes peuvent souffrir de pertes involontaires d’urine, souvent lors d’un effort (toux, rire, soulèvement d’une charge…), ce que l’on appelle l’incontinence urinaire à l’effort. L’incontinence peut aussi suivre un besoin trop pressant pour être contrôlé, l’incontinence par urgenturie, ou vessie hyperactive. Enfin, l’incontinence peut aussi se manifester par des difficultés à retenir les selles ou les gaz (incontinence fécale).

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Une béance vaginale, caractérisée par un trop grand relâchement des muscles du périnée peut engendrer une perte de sensations lors des rapports sexuels, des difficultés à atteindre l’orgasme, parfois des fuites d’urine pendant les rapports sexuels.

Lorsque le relâchement est sévère, certaines femmes ne parviennent plus à retenir leurs urines et/ou leurs selles et peuvent présenter une descente d’organes (prolapsus génital).

Il existe donc plusieurs stades dans le relâchement ?

Oui, de manière simplifiée, on peut parler de trois stades pour les prolapsus génitaux (descente d’organes), qui sont des hernies du diaphragme pelvien. Dans le premier, les organes pelviens descendent légèrement. Dans le deuxième, ils descendent jusqu’à l’entrée du vagin et au dernier stade, ils le dépassent et se retrouvent à l’extérieur. Les femmes peuvent évidemment sentir ou voir le prolapsus, et ressentir une gêne du bas-ventre ou un poids. Parfois l’évacuation des urines ou des selles est difficile.

Quelles sont les prolapsus (descentes) d’organes possibles ?

Le prolapsus de la vessie, appelé cystocèle, se présente lorsque la vessie se retrouve dans le vagin par effondrement de la paroi antérieure du vagin. Le prolapsus de l’utérus, appelé hystérocèle concerne l’avancée de l’utérus dans le vagin. Enfin, la hernie du rectum par la paroi vaginale postérieure est appelée rectocèle.

Quelles en sont les causes ?

Des troubles du diaphragme périnéal se manifestent lorsque les muscles du plancher pelvien s’affaiblissent comme c’est généralement le cas lors d’une grossesse, par le poids du bébé et les changements hormonaux mais aussi après un accouchement durant lequel les muscles du périnée peuvent se déchirer ou être coupés (épisiotomie). Le relâchement du périnée peut aussi apparaître à la suite d’une carence hormonale ou tout simplement en raison du vieillissement qui a pour conséquence le relâchement généralisé des muscles. Une surcharge pondérale et la pratique de sports dits «à impacts» peuvent aussi aggraver la situation.

Grossesse et périnée ne font donc pas bon ménage ?

Il est certain que la grossesse et surtout l’accouchement mettent le périnée à rude épreuve. L’impact que ceux-ci ont sur le diaphragme périnéal dépend de laxité des ligaments, des phénomènes hormonaux, de prédispositions héréditaires et du déroulement de l’accouchement. La dynamique de l’accouchement, le poids du bébé et l’orientation de sa tête, la nécessité de procéder à une assistance par ventouse ou forceps sont des circonstances difficiles à prévoir.

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L’accouchement par césarienne, qui présente cependant ses propres risques, permet d’une certaine manière d’éviter les lésions périnéales. Mais les recommandations du corps médical sont toujours d’éviter les césariennes et de favoriser, tant que possible, l’accouchement par voie basse en tentant de réduire les blessures et les déchirures du périnée. Les techniques de relaxation et de gestion du stress s’avèrent particulièrement efficaces pour être détendue au moment de la naissance.

Quels sont les sports à éviter ?

Aucun sport n’est véritablement néfaste et il est bien plus important de pratiquer une activité sportive que de rester sédentaire. Il est vrai cependant que les sports dits «à impacts», sollicitent énormément la ceinture périnéale. Pour les pratiquantes de ces sports, la prévention passe probablement par des techniques de gainage, de contrôle postural et de renforcement périnéal.

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Qu’en est-il des athlètes d’élite ?

Les sportives d’élite, comme toutes les femmes, ont le double challenge de l’accouchement et des contraintes de la maternité à gérer dans leur programme de préparation sportive. A priori, du fait de leur excellente condition physique, l’accouchement se déroule bien. La reprise des entraînements et des impacts sur le périnée se fait progressivement, en tenant compte du ressenti de la femme et éventuellement de mesures physiologiques de sa condition physique, Pour ce qui est de la récupération périnéale, des séances de physiothérapie périnéales préventives peuvent être recommandées, et en cas d’accouchement difficile ou de symptômes, une évaluation périnéologique spécialisée est indiquée.

Quels sont les traitements de l’incontinence urinaire et des prolapsus génitaux ?

Il existe plusieurs traitements, la sélection dépendra de la gravité de l’incontinence, du diagnostic exact et surtout des préférences de la patiente. L’évaluation passe par un dépistage systématique des symptômes au cours d’une consultation suivie d’un examen clinique gynécologique et parfois des examens complémentaires: échographie périnéale, bilan urodynamique.

Des mesures de santé générale permettent d’améliorer les symptômes: une alimentation saine et variée, des apports en liquides suffisants, un contrôle du poids. Le plus souvent, une physiothérapeute spécialisée en périnéologie aidera avec des conseils et des exercices afin de renforcer les muscles du diaphragme périnéal. Le périnée étant un muscle, il peut se détendre mais surtout, il peut se travailler afin de maintenir sa tonicité. Certains symptômes, comme l’incontinence par urgenturie peuvent être traités par des médicaments, parfois des injections de toxine botulique. Lorsque les traitements de première ligne s’avèrent insuffisants, une opération peut être la meilleure solution.

Quels sont les traitements de l’incontinence urinaire et des prolapsus génitaux ?

Il en existe aujourd’hui de très nombreuses allant des simples exercices de renforcement du périnée (exercices de Kegel), aux gadgets inertes tels que les boules de geisha et plus récemment ceux dits «connectés». Pour s’assurer que les exercices soient bien faits et qu’ils soient efficaces, je recommande de prendre rendez-vous chez une physiothérapeute qui recommandera les exercices les plus adaptés. Au début, vous vous entraînez avec la physiothérapeute afin de les reproduire ensuite correctement à domicile et lors de vos activités physiques et sportives. C’est le meilleur moyen pour obtenir des résultats rapides et réduire sensiblement les fuites urinaires.

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