Arrêtez de courir après les régimes, des experts vous expliquent !

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En 40 ans, le nombre de personnes obèses a triplé dans le monde. Chaque année, environ 3 millions de personnes meurent des conséquences du surpoids et de l’obésité. Diabète, NASH, hypertension, hypercholestérolémie, pourquoi ces maladies explosent-elles depuis plusieurs années ? Réponse avec le Professeur Alain Golay, chef du service d’endocrinologie, diabétologie et nutrition aux HUG. 

Par Pierre Andenmatten

Pourquoi l’obésité et ses maladies, augmentent-elles ?

L’obésité et ses conséquences sont des maux bien propres à notre époque, liés surtout au stress de notre société et de nos modes de vie. C’est dans ce contexte que les mauvaises habitudes alimentaires s’installent: on travaille beaucoup, on n’a pas le temps de faire les courses, de cuisiner, parfois même de manger. Un exemple récent illustre bien ce constat: la crise de la Covid 19. Durant cette période, j’ai observé que la moitié de mes patients ont pris du poids, ils ont mangé pour apaiser leur stress, ou alors ils se sont mal nourris car ils ont été victimes d’une précarité financière ou sociale.

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Quels sont les principaux responsables des maladies liées au surpoids ?

Il y a 3 causes principales. D’abord ce qu’on appelle la malbouffe, se nourrir avec des aliments mauvais pour la santé et en trop grande quantité. La deuxième cause est le problème de la sédentarité, le fait de moins faire d’exercice, de moins bouger, de rester des heures devant un écran à la maison ou au travail. Enfin, la troisième cause est la nourriture dite «émotionnelle», lorsque se nourrir devient une récompense pour apaiser un état psychologique.

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Par exemple: je suis triste, stressé, fâché ou ennuyé, je vais manger pour me calmer. Ce circuit de la récompense est le même que l’alcool ou la cocaïne, il active les mêmes zones du cerveau! On estime qu’un tiers des patients obèses en sont victimes. On observe également qu’un tiers des patients obèses ont subi des traumatismes psychologiques dans leur vie. Il y a donc un lien très étroit entre l’état mental d’un patient et ses problèmes de nourriture. En d’autres termes, cela se passe autant dans la tête que dans le ventre, je dis souvent qu’il faut d’abord perdre du poids de tête avant de perdre du poids de corps.

En termes d’aliments, quels sont les pires ennemis d’une bonne alimentation ?

Le sucre reste le principal problème, à haute dose il est un accélérateur de la récompense, et devient une vraie addiction chez plusieurs patients. Les plus courantes sont les addictions aux sodas et au chocolat. Chez certains patients, il suffit juste de supprimer les 3 ou 4 litres de sodas quotidiens pour qu’ils perdent parfois jusqu’à 20 kilos!

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Pour les graisses, on observe des addictions aux cacahuètes alors qu’une petite poignée représente 8 cuillères à soupe d’huile! Idem pour l’huile d’olive, que tout le monde considère comme un produit sain, mais arroser tous ses plats avec devient monstrueux en termes de calories.

Enfin le sel est également un problème car les gens mangent de plus en plus salé. Ils vont ajouter du sel dans leurs plats avant même d’y avoir goûté. Cette surconsommation entraîne des rétentions d’eau qui ralentissent la perte de poids. Le sel provoque aussi de l’hypertension tout comme l’alcool.

Qu’en est-il des produits cuisinés qui sont bien souvent dans le viseur des diététiciens ?

Il faut effectivement faire attention à ces plats chez certaines personnes. Souvent, leur quantité est calibrée pour deux alors qu’on a tendance à les consommer seul, c’est donc excessif. Ensuite, il est vrai que ces plats préparés sont riches en graisse, en crème ou en fromage et aussi très salés pour garantir leur côté goûteux. Sans compter les colorants et exhausteurs de goût que l’on ne trouve pas dans la cuisine faite maison.

« Il suffit juste de supprimer les 3 ou 4 litres de sodas quotidiens pour qu’ils perdent parfois jusqu’à 20 kilos »

Chez certains patients, ces plats sont une catastrophe en termes de calories et de prise de poids, chez d’autres ils font moins de dégâts et sont mieux assimilés. Tout notre travail consiste à identifier les leviers qui jouent sur la prise de poids des patients, si les plats cuisinés en font partie, au même titre que les sodas ou le chocolat, il faut diminuer voire arrêter.

Comment bien se nourrir au quotidien ?

Il y a deux techniques simples pour garantir un repas équilibré. La première consiste à visualiser le sigle bien connu de Mercedes, cette sorte d’étoile qui matérialise les trois portions à respecter pour manger sainement. 40% de légumes et légumineuses, 40% de farineux, type pain ou pâtes, 20% de protéines pour maintenir la massse musculaire.

Un autre exemple, la taille de la paume de la main sans les doigts doit représenter la taille du steak. Les deux mains jointes et ouvertes, comme si l’on faisait un signe d’offrande, doivent représenter la portion de légumes et légumineuses.

Enfin, la quantité de farineux ne doit pas dépasser la taille du poing fermé. C’est aussi simple que ça.

Comment voyez-vous l’avenir ? Pensez-vous que l’obésité continuera d’augmenter dans les prochaines années?

Tout comme la prise de conscience écologique qui secoue nos sociétés depuis plusieurs années, on observe aussi une prise de conscience quant à l’alimentation. Ce m’inquiète plus, c’est le fossé qui se creuse entre ceux qui peuvent se permettre financièrement de bien se nourrir et ceux qui ne peuvent pas. Je dirais qu’il faut trouver son équilibre, détecter les erreurs et les mauvaises habitudes alimentaires pour les corriger et se poser la question : pourquoi bien me nourrir et prendre soin de moi sont-ils si importants pour ma santé?

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De plus en plus de personnes en prennent conscience et c’est très bon signe pour le futur. Il faut savoir que souvent, le simple fait de prendre 3 ou 4 kilos peut aggraver son état de santé, à l’inverse perdre 3 ou 4 kilos peuvent suffire pour guérir du diabète ou du cholestérol !

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