Désir d’enfant et SEP sont compatibles

Il y a une trentaine d’années, les médecins déconseillaient une femme souffrant de sclérose en plaques (SEP) de devenir mère. Aujourd’hui, l’expérience médicale a permis un virage à 180 degrés et soutient les femmes souhaitant avoir des enfants. Entretien auprès de la Doctoresse Caroline Pot, Professeure et médecin associée au Service de Neurologie du CHUV.

Par Adeline Beijns

Aujourd’hui, les progrès médicaux sont tels qu’il est tout à fait possible de mener une vie familiale normale lorsque la maladie est bien suivie. C’est d’ailleurs pour cette raison que lorsque le diagnostic de la SEP est posé, la majorité des neurologues demandent s’il existe un désir d’enfant et quand ce désir souhaite se concrétiser.

À quelles interrogations, les futures mamans doivent-elles généralement faire face ?

L’une des premières questions que les futures mères se posent est «vais-je transmettre la maladie à mon bébé?» et la réponse est clairement non étant donné que la SEP n’est pas une maladie héréditaire ou transmise génétiquement. Mais il convient toutefois de rappeler l’importance de l’impact des facteurs environnementaux, tels qu’une carence en vitamine D ou l’exposition au tabagisme, sur le développement de la maladie. On sait par ailleurs aujourd’hui, qu’il existe un effet protecteur au cours des deuxième et troisième trimestres de la grossesse où les poussées sont moins fréquentes même sans traitement. Hélas, cette « lune de miel » se paye après l’accouchement où il peut y avoir une recrudescence des poussées probablement dû aux différents changements hormonaux.

D’après votre expérience, faut-il maintenir une patiente sous traitement ou préconisez-vous une pause?

Dans les deux cas, quels sont les risques ?

Tout dépend de l’agressivité de la maladie c’est-à-dire de son activité inflammatoire.

SEP peu active

S’il y a peu de paramètres inflammatoires, il est possible d’envisager une grossesse sans traitement. Mais comme on ne tombe généralement pas enceinte immédiatement, il est important que la période en attente de grossesse sans traitement ne soit pas trop longue car les poussées peuvent engendrer des séquelles neurologiques. Il est également important de discuter du risque de l’arrêt des traitements immunorégulateurs et du risque de poussées lors de leur arrêt.

Si la SEP est active, cela ne veut pas dire qu’une grossesse n’est pas envisageable. En cas de maladie peu active, il est aussi envisageable de poursuivre des traitements injectables dits de première ligne qui ont été montrés comme sûrs pendant la grossesse.

SEP très active

En cas de maladie plus active, il est possible d’envisager une grossesse sous certains traitements, mais les risques et bénéfices de cette attitude sont toujours à discuter avec un neurologue. En revanche, certains traitements sont formellement contre-indiqués en raison de leur risque connu tératogène.

Une option, en cas de projet de grossesse dans un horizon de plus de deux ans, est les traitements inducteurs, traitements dit pulsés qui permettent une diminution de l’agressivité de la maladie sur le long cours. Bien qu’il ne faille pas envisager une grossesse pendant ces deux ans de traitement, une grossesse sans traitement peut être envisagée après cette période car il est possible de ne pas avoir besoin de reprendre de traitement immunomodulateur après la thérapie.

Quelle stratégie faut-il adopter lorsqu’une femme souhaite allaiter ?

Si la SEP est peu active et qu’il n’y a pas de traitement de fond, l’allaitement est possible sous le contrôle d’un neurologue toutefois car il pourrait prolonger l’effet protecteur de la grossesse s’il est intégral (allaitement à 100 %). Les traitements injectables de première ligne semblent aussi compatibles avec l’allaitement car ils ne passent pas dans le lait maternel. Cependant en raison d’un risque augmenté de poussées pendant la période du post-partum, l’allaitement doit toujours être discuté avec son neurologue. Les autres traitements de fond ne sont pas compatibles selon nos connaissances actuelles avec l’allaitement

Cet article vous a plu ?
Abonnez-vous à la version papier Salle d’attente pour avoir accès à toutes les informations sur le sujet: témoignages, tests, adresses utiles, infographies et autres.
Alors n’attendez-plus !
CHF39.00

Loading

Partagez sur

Facebook

Plus d’articles :

La technologie au cœur de la prise en charge

Le diabète est une maladie chronique qui touche des millions de personnes dans le monde. Si cette pathologie est de mieux en mieux connue, de nombreux défis subsistent pour accompagner les patients au quotidien. Aujourd’hui, nous rencontrons la généraliste Dre. Dominique Durrer qui a été médecin associée aux Hôpitaux universitaires de Genève (Département Maladies Communautaires et Enseignement Thérapeutique) et Présidente de la Swiss Association for the study of Obesity (ASEMO).

Loading

Lire la suite »

Les cellules « zombies » nous rendent-elles malades ?

Nous cherchons tous à rester en pleine forme et être en bonne santé le plus longtemps possible, rêvant parfois de ne pas faire son âge. Dans mes chroniques My Life, j’ai déjà partagé des conseils pratiques pour préserver notre vitalité et inverser, autant que possible, les effets du temps. Pourtant, il reste tant à dire sur la recherche cellulaire, le rôle du sport, le rôle de la respiration, du sommeil, de la gestion du stress, ainsi que les bienfaits du chaud et du froid.

Loading

Lire la suite »

Idées reçues sur le surpoids : démêler le vrai du faux

Le surpoids et l’obésité sont souvent accompagnés de stigmatisation et d’idées préconçues qui simplifient à l’excès une réalité bien plus complexe. Ces clichés, non seulement injustes, mais aussi contre-productifs, freinent une compréhension globale et bienveillante des causes et des conséquences de cette condition.

Loading

Lire la suite »

Une infirmière à l’écoute : quand soutien et autonomie vont de pair

Rencontrer des professionnels de la santé passionnés par leur métier et dévoués au bien-être des patients est toujours une immense joie. Aujourd’hui, nous allons nous entretenir avec Ysia Landoni, infirmière à la Clinique de Carouge. Elle nous éclaire sur l’importance de l’implication des patients dans leurs choix de traitement et nous livre son expertise quant au rôle des soignants dans l’accompagnement au quotidien.

Loading

Lire la suite »