Moi, senior ?

Photo by Charles Büchler on Unsplash

Ce ne sont pas que les cheveux blancs ou une paire de lunettes au bout du nez qui déterminent un senior, mais bien plus. Le Docteur Quentin Dang, médecin généraliste à Evionnaz en Valais, a accepté de partager son expérience avec nous et de dévoiler tous les secrets et tout le charme de cette génération appelée senior.

Par Ana Popov

Dans notre société actuelle pour des raisons professionnelles et économiques on est senior à partir de 50-55 ans. A cet âge la prévention commence, le dépistage du cancer du sein est plus régulier; pareil pour les examens du côlon et la prostate. Les petits maux commencent à se pointer doucement : hypertension, cholestérol, diabète du type 2, mal de dos. On fait plus attention à tous ces embarras qui s’introduisent dans notre vie. Vous savez que la médecine a beaucoup changé, évolué. Elle n’est plus tellement curative à cet âge mais préventive. La gériatrie considère être senior à partir de 65 ans. C’est l’âge le plus à risque, plus de polypathologies et pathologies déjà confirmées. C’est aussi l’âge du départ à la retraite et le manque d’activité qui s’installe. Et puis, nous avons les seniors à partir de 75 ans ; on pourrait dire le troisième âge où la gériatrie prend vraiment le relais. C’est le moment soit de partir dans un établissement médico-social (EMS), ce qui est en général très difficile psychologiquement pour la personne concernée soit de tout mettre en place pour que la personne reste à domicile si cela est possible.

Quels autres maux apparaissent régulièrement chez les seniors ?

Oh ! Il y en a beaucoup. A cet âge apparaissent l’arthrose, la baisse considérable de la vue ainsi que de l’ouïe, les maladies cardiovasculaires, la sécheresse de la peau et les problèmes de peau comme le zona, en passant par la démence. Il y a quelques décennies, on n’entendait pas souvent parler de la maladie d’Alzheimer. Aujourd’hui, elle est d’actualité non pas parce qu’il y a plus de malades mais pour la simple raison qu’il y a plus de personnes âgées et que les mots et termes ont évolué. Les pertes de mémoire étaient associées à la vieillesse et à la démence. Mais revenons aux maux quotidiens du senior ; ce n’est pas la fin du monde, des traitements adaptés existent. Ces traitements vont rendre un équilibre nécessaire dans la vie de tous les jours. D’autre part, c’est le moment plus que jamais de rééquilibrer son alimentation et de s’y tenir. Pratiquer une activité physique régulière en fonction de ses capacités est très important aussi. Le tout c’est de bouger, respirer, ne pas laisser son corps à l’abandon. Ces points sont vraiment très importants pour avancer dans l’âge sous de bonnes conditions.

« Nous pourrions atteindre l’âge de vie jusqu’à 220 ans. Mais sous quelles conditions ? »

Pourquoi ces maux apparaissent à cet âge-là? 

C’est, à part le côté génétique, le résultat d’une vie. Celui qui a travaillé dans le bâtiment aura beaucoup plus de problèmes d’articulations que celui qui a passé sa vie dans un bureau avec plutôt des problèmes de vue et de cholestérol ou d’hypertension. Certaines personnes vivent plus longtemps que d’autres mais nul ne peut éviter les effets du temps sur le corps. Nous pourrions atteindre l’âge de vie jusqu’à 220 ans. Mais sous quelles conditions ? Est-ce mieux de vivre jusqu’à 85 ans en bonne santé ou d’arriver à 220 ans comme un légume. Donc toute la problématique est là : améliorer les conditions de vieillissement afin de garder une bonne santé.

Pourquoi le thème des seniors fait-il couler beaucoup d’encre ?

L’espérance de vie se rallonge et nous allons nous retrouver avec une population de personnes âgées qui augmente et va exploser en nombre d’ici quelques années, le «papy boom». Aujourd’hui, on reste à son domicile ou si ce n’est plus possible, on rentre dans un établissement médico-social pour personnes âgées (EMS). Les coûts explosent et les dépenses pour les soins des seniors devraient doubler. Il est donc urgent de repenser le système et de trouver des solutions qui permettraient de rester le plus longtemps possible chez soi sous de bonnes conditions adaptées à la personne âgée, de trouver aussi des solutions intermédiaires et de répit. Garder son autonomie est primordial. Dans un avenir très proche la voiture autonome permettra les déplacements partout de personnes âgées et moins valides. Ce sera un atout formidable de socialisation de la personne concernée et dépendante qui n’aurait plus de freins à ses sorties. Je crois à cet avenir qui apportera du soutien et des solutions à cette nouvelle vague de « papy boom » ! L’entrée en établissement médico-social (EMS) se fait rarement de gaieté de cœur. En général, une personne âgée rejoint une institution spécialisée après concertation avec sa famille et son médecin face à une accumulation de difficultés et au constat qu’elle a besoin d’aide. Il est donc dans l’intérêt de tous de repenser le système et de trouver d’autres solutions. Certaines associations préconisent notamment de mieux soutenir les proches aidants, en leur offrant des « solutions de répit ».

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