Cancer et anémie, c’est grave docteur ?

Photo by Cassi Josh on Unsplash

Une anémie ferriprive diagnostiquée en plus du cancer. Quelles sont les causes, conséquences et solutions ? Réponse avec le Docteur Matti Aapro, spécialiste en oncologie médicale, membre FMH, au Genolier Cancer Center. 

Par Pierre Andenmatten

Différentes causes sont à l’origine de l’anémie chez les patients atteints du cancer. Ces causes peuvent être: sous- jacentes à une autre maladie, dues à une carence en fer, liées au cancer lui-même ou aux traitements. Par exemple, certains cancers peuvent se révéler après une période de saignements occultes. Le patient sera alors atteint d’une anémie accompagnée d’un manque de fer, en plus de son cancer. Un autre exemple avec la chimiothérapie, qui n’induit pas un manque de fer, mais peut provoquer de l’anémie. Il est donc important de repérer les causes de l’anémie et de les traiter. A mon avis, ce problème reste sous-estimé. Une récente enquête menée en Suisse chez les patients anémiques cancéreux a permis de dresser la liste des examens les plus fréquemment effectués par les médecins. L’enquête a pointé que le bilan en fer était rarement demandé, alors qu’il devrait faire partie des examens de diagnostic de routine dans un tel cas. Les causes de l’anémie sont donc diverses. L’une des causes principales reste la carence en fer, qu’il faut dépister pour la corriger lorsque c’est nécessaire.

Quelles sont les conséquences directes sur la qualité de vie du patient non traité ?

La carence en fer peut par exemple, entraîner une grande fatigue, physique ou psychique, qui peut aggraver la situation du patient. Il y a une corrélation, même en dehors du cancer, entre l’anémie et une diminution des capacités physiques. Cela va directement se refléter sur la qualité de vie des patients : coup de fatigue, réduction des capacités à faire ce qu’on avait l’habitude de faire. Lors d’une progression insidieuse de l’anémie, les patients ont tendance à s’habituer aux symptômes de la maladie et diminuent ainsi leurs activités physiques. Si l’on parvient à traiter cette anémie, les patients retrouvent de l’énergie. Je me souviens d’une patiente atteinte d’un cancer, devenue anémique en quelques semaines à cause de ses traitements. Elle devait s’occuper de son travail, faire les courses, la cuisine. Peu à peu elle a arrêté de faire ses courses et a dû déléguer cette tâche qui devenait trop épuisante. Lorsque nous avons corrigé son anémie, elle a pu reprendre cette activité sans problème. La présence d’une anémie est un facteur que l’on observe souvent chez les patients qui ont une durée de vie moindre. En revanche, on ne peut pas dire que l’anémie provoque une diminution de l’espérance de vie. C’est plutôt la maladie de base ayant causé cette anémie qui a un impact sur l’espérance de vie.

Comment traite-t-on efficacement la carence en fer et l’anémie chez un patient oncologique ?

En cas de carence en fer, il est important d’augmenter l’apport en fer chez les patients cancéreux. Mais ces derniers sont souvent en situation inflammatoire et l’absorption intestinale du fer est diminuée. De nombreuses études ont montré que lorsqu’un patient est sous chimiothérapie, l’apport du fer par voie orale n’est pas aussi efficace que l’apport du fer par voie intraveineuse. D’autre part, lorsqu’on demande aux patients comment ils tolèrent le fer par voie orale, ils nous répondent souvent qu’ils ont des troubles intestinaux non négligeables, ce qui pèse sur leur qualité de vie. D’une manière générale, l’apport en fer par voie intraveineuse est un traitement simple et efficace.

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