Bonne nouvelle, la mortalité recule !

Quels sont les cancers qui augmentent, ceux qui reculent ? Quels sont les plus dangereux en termes de mortalité ? Les progrès en termes de dépistage, de traitements et de campagnes de sensibilisation portent-ils leurs fruits ? Eclairage avec la Professeure Elisabetta Rapiti, directrice du Registre genevois des tumeurs. 

Par Thierry Amann

Qu’est-ce que le Registre des tumeurs de Genève : son rôle, son fonctionnement, ses objectifs ?

Le Registre genevois des tumeurs a été créé en 1970. Il enregistre tous les cas de tumeurs diagnostiqués dans le canton de Genève. Il collecte en continu de nombreuses informations sur le type, le stade et autres caractéristiques de la tumeur, sur les circonstances et les modalités de diagnostic, sur les traitements, les causes des décès. La mission première du registre est de mesurer l’impact du cancer dans la population genevoise et son évolution dans le temps. Ces données sont utiles pour aider le canton à déterminer les priorités d’action face au cancer, d’évaluer l’efficacité des programmes de prévention, de dépistage et des traitements, et pour déterminer les facteurs de risque.

« Le tabagisme s’est généralisé plus tard chez les femmes; c’est pourquoi nous assistons aujourd’hui à une épidémie de cancers liés à l’exposition à ce facteur de risque. »

Comment les cancers évoluent-ils au sein de la population ?

Chez les hommes, la tendance est globalement en baisse. Pour le cancer de la prostate, après une augmentation pendant plusieurs années, l’incidence a commencé à baisser au début des années 2000. Quant au cancer du poumon, on observe un recul depuis la fin des années 80, une baisse qu’on observe dans toutes les tranches d’âge et qui s’est poursuivie les décennies suivantes grâce à la réduction de la consommation de tabac chez les hommes. En revanche, l’incidence du cancer du poumon chez les femmes est à la hausse, et cela depuis plusieurs années. Le tabagisme s’est généralisé plus tard chez les femmes; c’est pourquoi nous assistons aujourd’hui à une épidémie de cancers liés à l’exposition à ce facteur de risque. L’incidence du cancer colorectal commence à diminuer depuis quelques années probablement grâce au développement du dépistage dans la population. Les tranches d’âge les plus concernées par cette diminution sont celles de 50 ans et plus. Idem chez les femmes. Enfin, après plusieurs années d’augmentation, le cancer du sein se stabilise depuis le début des années 2000. L’utilisation de la mammographie de dépistage, la réduction de l’utilisation des hormones de substitution à la ménopause sont les principales hypothèses qui peuvent expliquer cette tendance. Bien que le nombre de nouveaux cas de cancer continue d’augmenter, environ 41000 nouveaux cas en 2015 en Suisse, principalement en raison du vieillissement de la population, le taux de mortalité est en baisse.

Comment expliquer la baisse de la mortalité liée au cancer ?

La prévention primaire comme les campagnes antitabac par exemple et la prévention secondaire comme les dépistages des cancers du col de l’utérus, du sein et du côlon ainsi que l’amélioration des traitements ont eu un fort impact sur la réduction de l’incidence et de la mortalité et même l’amélioration de la survie pour certains cancers. Cependant, il y a un besoin continu de surveiller les cancers où il y a un risque d’augmentation comme le cancer du poumon chez les femmes, et le mélanome pour les deux sexes. Tout comme ceux où il y a eu peu ou pas d’amélioration en termes de détection précoce et de traitements: cancer des ovaires, du pancréas et du poumon. Il faut enfin surveiller toutes sortes d’inégalités pouvant toucher les patients atteints de la maladie du cancer. La recherche et les mesures de prévention primaire doivent être prioritaires dans cette direction.

Cet article vous a plu ?
Abonnez-vous à la version papier Salle d’attente pour avoir accès à toutes les informations sur le sujet: témoignages, tests, adresses utiles, infographies et autres.
Alors n’attendez-plus !
CHF39.00

Loading

Partagez sur

Facebook

Plus d’articles :

Glaucome : une ombre au tableau ? Pas avec un bon dépistage

Le glaucome est la deuxième cause de cécité dans le monde et constitue un véritable enjeu de santé publique. Souvent silencieux, il peut progresser sans symptômes jusqu’à un stade avancé où la perte visuelle est déjà significative et irréversible. Pour mieux comprendre cette maladie et son dépistage, nous avons rencontré le Dr. Leandro Oliverio, Chef de Clinique en Ophtalmologie et le Dr. André Mermoud, Spécialiste FMH en Ophtalmochirurgie à Swiss Visio Montchoisi.

Loading

Lire la suite »

Avec humour et force face à un double diagnostic

L’histoire de Hansruedi Berger montre comment faire face aux difficultés de la vie, on peut garder le sourire. Âgé de 80 ans, il affronte sa maladie chronique avec acceptation, humour et des souvenirs pleins la tête. Depuis qu’un test sanguin a révélé une arthrite rhumatoïde (RA) à laquelle s’est rajoutée une maladie pulmonaire interstitielle (fibrose pulmonaire), sa vie et sa vision des choses ont été boulversées.

Loading

Lire la suite »

Enfance et vision : prévenir pour mieux grandir

Lorsqu’il s’agit de la santé de nos enfants, chaque détail compte, y compris leur vision. La vue est l’un des sens les plus importants pour le développement global de l’enfant, jouant un rôle crucial dans l’apprentissage, la découverte du monde et les interactions sociales. Pourtant, il est souvent difficile pour les parents de savoir quand une consultation est nécessaire ou de reconnaître les signes précurseurs d’un problème visuel. Pour explorer ce sujet essentiel et apporter des réponses concrètes, nous avons rencontré la Dre. Anne Favard, Spécialiste FMH en ophtalmologie à Swiss Visio Lutry et Swiss Visio Martigny, spécialisée dans le traitement des strabismes, qui nous livre son expertise sur les questions de santé oculaire pédiatrique.

Loading

Lire la suite »

L’œil en lumière : structure et secrets

L’œil humain est un organe extraordinaire, complexe et délicat. Il joue un rôle crucial dans notre perception du monde en transformant la lumière en signaux nerveux que notre cerveau interprète comme des images. Relié au cerveau par le nerf optique, l’œil fonctionne comme une caméra naturelle, capturant chaque détail de notre environnement. Mais comment fonctionne cet organe fascinant ? Quels sont les éléments qui le composent et qui permettent cette prouesse ?

Loading

Lire la suite »