
Dans un monde où nous sommes souvent assaillis d’images de perfection, les discussions sur l’obésité la réduisent souvent à des notions simplistes d’excès et de mauvais choix alimentaires. Toutefois, si l’on se penche davantage sur la question, on s’aperçoit que l’obésité est une maladie multifactorielle, tissée de manière complexe par un ensemble de facteurs génétiques, hormonaux, environnementaux et psychologiques. Cette complexité signifie que pour beaucoup, une perte de poids durable n’est pas aussi simple que de manger moins ou d’opter pour une salade. Entretien réalisé auprès de Gabrielle Calderara, MS, RD, Responsable du Service Nutrition et coordinatrice Diafit au Centre Médical & Thérapeutique La Lignière.
Par Adeline Beijns
Parmi les différents facteurs impliqués dans l’obésité, l’alimentation joue un rôle important. Quels sont les principaux déséquilibres alimentaires ?
L’alimentation joue indéniablement un rôle central dans le développement et la prise en charge de l’obésité. Toutefois, plusieurs déséquilibres alimentaires contribuent à la prise de poids et peuvent entraver les efforts de perte de poids. La consommation de plus de calories que l’organisme ne peut en dépenser, notamment par le biais d’aliments à forte densité énergétique, riches en graisses et en sucres, est un problème courant. L’augmentation de la consommation d’aliments transformés et ultra-transformés, souvent chargés de sucres et de graisses, aggrave encore le problème.
Ces aliments sont non seulement riches en calories, mais aussi pauvres en nutriments essentiels et en fibres alimentaires. Par ailleurs, un régime pauvre en fruits et légumes peut priver un individu des fibres, vitamines et minéraux dont il a besoin. Il en résulte un paradoxe intéressant : une personne peut être obèse tout en étant sous-alimentée en raison d’un manque de nutriments essentiels. Les fibres alimentaires, en particulier, sont vitales car elles favorisent le sentiment de satiété, contribuent au maintien d’un intestin sain et peuvent empêcher la surconsommation de calories.

Quant aux boissons sucrées et alcoolisées, elles peuvent ajouter un nombre important de calories vides à l’alimentation. Enfin, il est essentiel de reconnaître que certaines intolérances ou allergies alimentaires peuvent entraîner une prise de poids. Dans certains cas, les individus peuvent en effet souffrir de ballonnements, de rétention d’eau ou d’autres perturbations métaboliques en raison d’une intolérance ou d’une allergie à des aliments spécifiques.
Que faire pour gérer au mieux son poids ? Quelles sont les solutions à adopter au quotidien ?
Outre apprendre quelques règles de nutrition, il est important de changer ses habitudes peu à peu mais de manière durable. Pour faire cette transition, il est important de se faire accompagner pour identifier les causes de la prise de poids et adopter les bons réflexes de manière pérenne.
Comment peut-on faire pour changer ses « mauvaises » habitudes ? Comment tenir bon ?
Il ne faut surtout pas hésiter à se faire aider par un professionnel de la santé qui saura aborder la perte de poids dans sa globalité, c’est-à-dire en apportant des solutions aux problèmes identifiés et en aidant à maintenir la motivation sur le long terme.
Les régimes, sont-ils efficaces ?
Oui, pour prendre du poids ! De nombreuses études ont montré qu’ils aidaient à perdre du poids sur le court terme mais qu’à long terme, ils entrainaient plus une prise de poids et augmentaient le risque de développer des troubles du comportement alimentaire.
Quelle est la place du psychisme dans la gestion du poids ?
Lorsqu’on veut perdre du poids, il convient d’abord de s’interroger sur la pertinence de perdre du poids. Est-ce vraiment nécessaire ou est-ce pour être « à la mode » ? Le psychisme est crucial puisque le changement commence par la prise de conscience et de décision.

Les femmes ont tendance à réguler leurs émotions en mangeant parfois n’importe quoi ou en grignotant en période de stress. Que leur recommandez-vous ?
Il n’y a pas que les femmes, les hommes aussi ! Il est vrai que manger procure un plaisir immédiat et « anesthésie » le stress très rapidement surtout lorsque les aliments consommés sont sucrés et gras. Faire du sport pour évacuer des tensions, est plus sain mais est nettement plus laborieux. Pour ne plus compenser une frustration ou un mal être avec de la nourriture, il faut bien sûr comprendre quel a été l’événement ou les circonstances qui ont causé ce « trop plein de stress » et ensuite trouver des activités qui peuvent aussi relaxer et apaiser.
Comment mettre en place un suivi adéquat qui ne nous plonge pas dans l’obsession de la balance ?
Il s’agit d’un processus qui peut prendre beaucoup de temps à l’inverse des régimes dits populaires qui sont rapides mais ne donnent pas de solution satisfaisante à long terme. Il est utile de se faire suivre par des professionnels de la santé et d’être attentifs à d’autres signes que la balance. Je pense ainsi à un tour de taille plus petit, un sentiment de bien être retrouvé ou encore à un sommeil de meilleure qualité qui résultent tous d’une perte de poids aussi petite soit-elle.
Que pensez-vous des ateliers qui donnent des conseils diététiques ?
Ils constituent une solution efficace pour maintenir la motivation car ils permettent non seulement de comprendre les mécanismes qui ont engendré la prise de poids mais ils donnent aussi des conseils pour mieux se nourrir et se fixer des objectifs adaptés. L’entraide qui existe au sein du groupe peut aussi être très stimulante et permet de ne pas se sentir isolé.

