Sucre, quand le cerveau nous joue des tours

Bien qu’elle ne soit généralement pas considérée comme aussi grave que de nombreuses autres dépendances, la dépendance au sucre peut entraîner de graves effets sur la santé.

Par Adeline Beijns

Omniprésent

Pointé du doigt par les professionnels de la santé, les consommateurs et les associations de patients, le sucre n’en reste pas moins omniprésent. Le sucre se trouve en effet dans de nombreux aliments, sans que sa présence soit nécessaire, et il est presque impossible de l’éviter de nos jours. La dépendance émotionnelle ou psychologique aux aliments et boissons sucrés, également connue sous le nom de dépendance au sucre, est une cause réelle d’inquiétude et est devenue un véritable enjeu de santé publique.

Ainsi, la Stratégie suisse de nutrition 2017-2024 de l’Office fédéral de la sécurité alimentaire et des affaires vétérinaires (OSAV) promeut une alimentation diversifiée et équilibrée dont un des piliers est spécifiquement la réduction des sucres1. Alors que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) recommande de réduire la consommation de sucre à 10% au plus de l’apport énergétique, ce qui correspond à 50 g pour un apport de 2000 kcal par jour, pour la Suisse, l’OSAV l’évalue ce chiffre à environ 110 g par personne et par jour, soit beaucoup plus que les valeurs préconisées2.

Les rouages de la dépendance

Selon Serge Ahmed, directeur de recherche au CNRS cité par Le Figaro, c’est parce que la consommation de sucre peut créer un effet euphorisant à court terme et une étincelle d’énergie dans le corps qu’il est aussi addictif que la cocaïne ou l’alcool3. Les gens apprécient ainsi souvent la libération de dopamine qu’apporte le sucre. Mais en raison de sa nature addictive, les effets à long terme sur la santé, comme l’obésité et le diabète, sont un risque réel de la surconsommation
de sucre.


Comme pour d’autres compulsions ou dépendances comportementales, la dépendance au sucre constitue un risque particulier pour les personnes anxieuses et stressées. En outre, les personnes qui souffrent d’une fatigue constante peuvent rechercher des aliments riches en glucides pour se donner un coup de fouet car le sucre, en libérant des endorphines dans l’organisme, entraîne une poussée d’énergie.

Une fois qu’une personne associe mentalement le sucre à la fourniture d’énergie, elle peut en devenir dépendante et commencer à avoir envie de sucre pour équilibrer ses frustrations émotionnelles. Ainsi, les personnes qui vivent par exemple une rupture amoureuse ou d’autres situations émotionnellement stressantes se tournent souvent vers le chocolat ou les biscuits pour se réconforter. Lorsque l’association « sucre-apaisement » est établie pour la personne, il est alors trop tard et l’addiction au sucre est installée.

Des signes bien spécifiques

Contrairement à de nombreux autres troubles liés à la consommation de substances illicites ou à des compulsions comportementales, la dépendance au sucre est souvent facile à repérer. Les signes les plus évidents de la dépendance au sucre impliquent la consommation de grandes quantités de nourriture ou de boissons riches en sucre. D’autres indications de la dépendance au sucre pour soulager les émotions sont la prise de poids et la difficulté à se concentrer sur les responsabilités quotidiennes. Ces effets secondaires peuvent nuire à l’estime de soi et engendrer un sentiment d’impuissance, ce qui entraîne à son tour une plus grande consommation de sucre et une dépendance
plus profonde.

Le sevrage

De nombreuses personnes qui éliminent le sucre de leur régime alimentaire se trouvent confrontées à des symptômes de sevrage tels que l’irritabilité, la mauvaise humeur et le manque d’énergie. Pour combattre ces effets négatifs, beaucoup choisissent malheureusement de recommencer à manger des aliments sucrés pour retrouver un semblant d’énergie et d’apaisement.

Un suivi par des professionnels de la santé y compris un diététicien est souvent nécessaire pour se libérer de cette dépendance en remplaçant les sucreries industrielles par des options naturelles et saines.

Références :

1. https://www.blv.admin.ch/blv/fr/home/lebensmittel-und-ernaehrung/ernaehrung/aktionsplan-ernaehrungsstrategie.html

2. https://www.blv.admin.ch/blv/fr/home/lebensmittel-und ernaehrung/ernaehrung/produktzusammensetzung/zuckerreduktion.html

3. https://sante.lefigaro.fr/article/le-sucre-presente-un-potentiel-addictif-aussi-important-que-l-alcool-ou-la cocaine/

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