Maladie de Verneuil, le soutien psychologique est important

Touchant environ 1% de la population suisse, la maladie de Verneuil, aussi appelée hidrosadénite suppurative, est une affection dermatologique inflammatoire chronique. Elle se manifeste par l’apparition d’abcès douloureux touchant généralement la zone des aisselles, inguinale et périnéale. Entretien réalisé auprès du Dr Emmanuel Laffitte, Médecin Adjoint Agrégé et Responsable de l’Unité de policlinique dermatologique des Hôpitaux Universitaires de Genève.

Par Adeline Beijns

Docteur, qu’est-ce que la maladie de Verneuil ?

Il s’agit d’une maladie auto-inflammatoire liée à un système immunitaire hyperactif qui conduit au développement, à répétition, d’abcès douloureux. Ces derniers se développent généralement dans les plis, c’est-à-dire au niveau des aisselles, sous les seins mais aussi dans la région inguinale et périnéale.

La maladie évolue par poussées inflammatoires qui, en fonction de leurs répétition et sévérité, peuvent conduire à des cicatrices et des fistules et qui se présentent sous la forme d’orifices permanents desquels s’écoule du pus. Bien qu’il n’y ait pas de statistiques précises, on estime qu’entre 0.5% et 1% de la population suisse serait touchée par cette maladie. Elle n’est donc pas si rare que cela.

Qui est principalement touché par cette affection ?

La maladie se déclenche généralement entre 20 et 30 ans même si des adolescents peuvent également être touchés. Elle touche autant les femmes que les hommes. Bien qu’aucune origine spécifique n’ait pu être identifiée, on sait que les patients présentent un système immunitaire déréglé qui réagit, par des poussées inflammatoires, à des germes normalement présents sur la peau.

Une cause possible pourrait être un déséquilibre du microbiote cutané chez des personnes ayant un système immunitaire hyperactif. Hormis cela, on estime que trois facteurs favorisent le déclenchement de la maladie à savoir, l’existence d’antécédents familiaux, le tabac et le surpoids voire l’obésité.

Existe-t-il des signes qui pourraient alerter quant à la présence de la maladie ?

Oui, l’apparition répétée de furoncles ou d’abcès douloureux dans les zones de frottements.

Le diagnostic est-il long ?

Il l’a été, il y a quelques années. Aujourd’hui, le parcours du patient tend à s’améliorer grâce à une meilleure connaissance de la maladie et la création de consultations spécifiquement dédiées à cette maladie. On estime que le délai était de 7 ans entre l’apparition du premier signe et la pose du diagnostic. Les patients étaient donc plongés dans une longue errance diagnostique qui les empêchait d’être pris en charge de manière optimale.

Quel est l’impact de la maladie sur la qualité de vie des patients?

Cette maladie a des conséquences considérables sur la vie des personnes qui en souffrent. En plus d’être douloureuse et gênante, puisqu’elle touche essentiellement les zones intimes, elle affecte énormément la confiance et l’estime de soi des patients. Ses conséquences se font donc aussi sentir dans la vie professionnelle, sociale, amoureuse et sexuelle. D’ailleurs, il n’est pas rare que certains patients doivent mettre leur vie professionnelle entre parenthèses.

Quelles sont les solutions pour soulager les patients ?

La prise en charge thérapeutique de cette maladie chronique est un traitement au long cours qui comporte trois volets essentiels. Le premier est le traitement médicamenteux visant à soulager les poussées et à prévenir leur récidive. C’est aussi dans ce volet que peut s’inscrire la chirurgie qui se révèle particulièrement efficace pour la zone axillaire. Le deuxième aspect est la prescription de mesures destinées à réduire les comorbidités existantes en recommandant l’arrêt du tabac et la perte de poids. Enfin, le dernier volet est un soutien psychologique pour aider les patients à mieux gérer les effets de la maladie et les soutenir dans leur perte de poids et/ou sevrage du tabac.

Est-il possible de prévenir la maladie ?

Hélas non même si l’adoption d’une bonne hygiène de vie ne peut qu’en diminuer les effets. Il est donc recommandé de ne pas fumer, d’avoir un poids normal et stable, d’adopter une alimentation équilibrée et de pratiquer une activité physique.

Cet article a été réalisé avec l’aimable soutien de Biogen Switzerland SA, Neuhofstrasse 30, 6340 Baar 192578 12/2022

L’ indépendance de l’opinion du médecin a été entièrement respectée

Vous avez aimé cet article ? Ne manquez pas :

Cet article vous a plu ?
Abonnez-vous à la version papier Salle d’attente pour avoir accès à toutes les informations sur le sujet: témoignages, tests, adresses utiles, infographies et autres.
Alors n’attendez-plus !
CHF39.00

Loading

Partagez sur

Facebook

Plus d’articles :

Derrière le microscope : le rôle crucial du pathologiste

Le diagnostic précis d’un cancer du sein est une étape déterminante pour offrir aux patientes les traitements les plus adaptés et efficaces. Si l’oncologue est souvent mis en avant dans ce processus, ce sont les pathologistes, spécialistes des analyses cellulaire et tissulaire, qui établissent les fondations essentielles du parcours thérapeutique. Leur travail minutieux permet d’identifier précisément les caractéristiques des tumeurs, d’évaluer leur agressivité et de guider les choix thérapeutiques optimaux. Afin de mieux comprendre leur rôle essentiel, nous avons rencontré le Dr. Mohamed Abdou, médecin chef au service d’histopathologie à l’Institut Central des Hôpitaux (ICH) en Valais, ainsi que la Dre. Sophia Taylor, médecin adjointe dans le même service. Ensemble, ils nous expliquent comment leur expertise quotidienne contribue à améliorer la prise en charge des patientes atteintes de cancer du sein.

Loading

Lire la suite »

Éclairs, points, ombres : Quand votre œil a besoin d’aide

La rétine joue un rôle central dans notre vision, mais elle est fragile et peut, dans certains cas, se détacher. Un décollement de la rétine non traité peut entraîner une perte de vision sévère. Quelles en sont les causes ? Quels symptômes doivent alerter et être pris au sérieux ? Quelles options de traitement existent ? Pour répondre à ces questions, nous avons interrogé la Dre. Alice Kitay, qui nous explique les signes à surveiller et pourquoi une intervention rapide est essentielle.

Loading

Lire la suite »

Dites stop à la surexposition : protéger ses yeux à l’ère du numérique

Les écrans sont devenus omniprésents dans notre quotidien, qu’il s’agisse de consulter son smartphone dès le réveil, de passer la journée devant un ordinateur au travail ou de se détendre en regardant des séries le soir. Pourtant, derrière cette facilité d’accès à l’information et aux divertissements, nos yeux se retrouvent souvent en première ligne. La fatigue oculaire, les maux de tête, la perturbation du sommeil ou encore la difficulté à se concentrer ne sont que quelques-unes des conséquences liées à un usage intensif des écrans. Comment protéger nos yeux sans pour autant nous couper d’un monde toujours plus numérique ?

Loading

Lire la suite »

Yeux secs, regard troublé : ce que révèlent vos glandes de Meibomius

La sécheresse oculaire touche un nombre croissant de personnes, entraînant inconfort, irritation et troubles visuels. Parmi ses principales causes, la dysfonction des glandes de Meibomius (DGM) joue un rôle majeur mais reste encore peu connue du grand public. Pour mieux comprendre ce phénomène et apprendre à protéger notre santé oculaire, nous avons rencontré Jean-Boris von Roten, Pharmacien responsable FPH à la Pharmacie von Roten SA, qui nous éclaire sur ce sujet essentiel.

Loading

Lire la suite »

Méditation des yeux : la pause anti-fatigue

Nous passons de plus en plus de temps devant les écrans, que ce soit pour le travail, pour étudier ou simplement pour nous divertir. Résultat : nos yeux sont constamment sollicités et peuvent souffrir de fatigue, de sécheresse ou encore de maux de tête. Face à ce constat, une pratique émerge et suscite l’intérêt grandissant des professionnels de la santé : la méditation pour les yeux.

Loading

Lire la suite »

Albinisme : entre mystère génétique et richesse culturelle

Longtemps entouré de mythes et de croyances, l’albinisme se caractérise par l’absence ou la réduction significative de la pigmentation de la peau, des cheveux et des yeux. Au-delà de l’apparence, cette condition génétique soulève des enjeux majeurs en matière de vision et de protection contre les rayons solaires. Les avancées scientifiques et sociales ont permis de mieux cerner le phénomène et d’améliorer la prise en charge des personnes concernées.

Loading

Lire la suite »