Le SGUM, ce tabou qui touche les femmes

Crédit : Istock

La ménopause entraîne des modifications de l’ensemble de l’appareil génito-urinaire. Depuis 2013, les symptômes tels que la sécheresse, les sensations de brûlure, les irritations et les infections des voies urinaires ayant un rapport avec la diminution des taux d’œstrogènes sont regroupés sous le terme de « syndrome génito-urinaire de la ménopause » (SGUM). Entretien auprès de la Docteure Tatiana Giraud, gynécologue obstétricienne àCarouge GE.

Par Adeline Beijns

Quels sont les symptômes qui alertent ?

Les patientes se plaignent généralement :

  • d’inconforts vulvo-vaginaux tels que de la sécheresse
  • des sensations de brûlures
  • des irritations
  • des symptômes sexuels comme la dyspareunie superficielle (douleurs lors des rapports)
  • des symptômes urinaires tels que la pollakiurie (des mictions fréquentes)
  • des besoins urgents d’uriner
  • des infections urinaires à répétition
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Le diagnostic du SGUM est essentiellement clinique c’est-à dire qu’une anamnèse, un examen clinique et une compréhension du contexte suffisent à le poser. D’où l’intérêt d’en parler pour qu’il puisse être reconnu et apporter une solution.

Quelles sont les causes du syndrome génito-urinaire ?

Il s’agit principalement d’une diminution du taux d’œstrogènes, liée à la ménopause naturelle ou engendrée par une ablation des ovaires, la prise de médicaments anti-hormonaux (cancer du sein par exemple) ou après la naissance d’un enfant et la période de lactation, c’est-à-dire au cours de la période post partum où les ovaires sont au repos.

Quel est le rôle de la DHEA dans l’équilibre hormonal ?

La DHEA est une hormone importante puisqu’elle est précurseur d’autres hormones telles que les androgènes en majorité mais aussi les œstrogènes. Elle est principalement produite par la glande surrénale à hauteur de 50%, par les ovaires pour environ 20% et pour les 30% restants, il s’agit d’une production périphérique.

Il convient de mentionner que les taux de DHEA déclinent régulièrement dès l’âge de 30 ans et leur taux de diminution n’est pas modifié par la ménopause.

Le SGUM n’occasionne pas que des problèmes physiques. Quel est l’impact émotionnel pour les patientes ?

Aujourd’hui, nous parlons de plus en plus de l’importance de la santé sexuelle et c’est une excellente chose car elle permet de libérer la parole des femmes qui n’abordent pas spontanément ce problème. Le SGUM a des répercussions sur la vie du couple, les femmes peuvent se sentir seules et incomprises par rapport à leurs symptômes. Leur confiance en elles peut aussi être diminuée, elles éprouvent un sentiment de gêne qui impacte clairement leur qualité de vie.

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Comment améliorer la qualité de vie des patientes qui en souffrent ?

Il existe différents paliers dans les traitements proposés.

Le premier est l’utilisation de gels hydratants associés à des lubrifiants lors des relations sexuelles.

Le deuxième est l’administration d’œstrogènes vaginaux sous forme de crèmes, ovules ou anneaux, qui ont une action directe sur le vagin, la vulve et la restauration de la flore vaginale.

Une alternative récente à cette solution serait le traitement vaginal à la DHEA mais son efficacité n’a pas encore été comparée à celle des œstrogènes. Enfin, la troisième solution serait le laser vaginal pour les femmes qui ont des contre-indications à la prise d’hormones ou qui ne souhaitent pas utiliser des crèmes ou des ovules. Ce laser permet un remodelage du tissu vaginal grâce au développement d’un processus de cicatrisation qui va stimuler la production de collagène mais aussi améliorer la vascularisation, l’élasticité ainsi que la qualité de la flore vaginale.

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