Soigner son apparence et reprendre confiance en soi

Dans la lutte contre le cancer, rien n’est épargné et surtout pas le physique. Adopter les bons gestes pour se réapproprier son apparence est une étape cruciale pour voir le bout du tunnel. Entretien auprès de Neera Steinke, Responsable de la logistique et de l’approvisionnement à la Fondation Look Good Feel Better.

Par Adeline Beijns

Quelle est la mission de Look Good Feel Better ?

Le but des ateliers qu’offre notre fondation est de soutenir les femmes et les hommes atteints d’un cancer avec des conseils de soins de la peau et de maquillage, qui leur permettent de mieux gérer les effets visibles de leur traitement anti-cancer et qui redonnent une certaine confiance en soi.

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Source : Giphy

Réunis au sein d’un groupe qui connaît les mêmes douleurs et les mêmes préoccupations, les patients peuvent plus facilement partager leurs expériences. Pouvoir se réapprivoiser dans le miroir et se réapproprier son apparence est un puissant «remonte moral» dans le combat contre le cancer.

Comment cette initiative a-t-elle été créée ?

Look Good Feel Better a vu le jour aux Etats-Unis en 1987 lorsqu’un médecin a voulu aider une patiente, déprimée à cause de son apparence, qui refusait de sortir de sa chambre d’hôpital. Ayant perdu ses cheveux, ses cils et ses sourcils, elle n’osait plus se confronter au regard des autres.

Son médecin a fait appel au président de l’association des cosmétiques qui a su trouver une esthéticienne pour conseiller la patiente sur la manière de retrouver son apparence. Après la séance, qui n’avait pourtant pas duré longtemps, le spécialiste a remarqué que sa protégée avait repris confiance en elle. Cette expérience positive lui a donné envie de structurer cette aide pour qu’un plus grand nombre de femmes atteintes d’un cancer puissent en bénéficier.

Et en Suisse ?

Fondée en 2005, les premiers ateliers ont été offerts en Suisse à partir de 2006. Aujourd’hui, nous comptons 45 sites de rencontres répartis sur les trois grandes régions linguistiques. En 2019, avant que la crise sanitaire ne vienne tout bousculer, nous avions organisé 150 ateliers regroupant plus de 1000 femmes. La crise nous a poussé à nous réinventer et ne nous a pas empêché de poursuivre nos ateliers en ligne et cela, dans les trois principales langues nationales.

Source : Giphy

Conseillez-vous uniquement des femmes ou y a-t-il également des hommes ?

Même si nous nous adressons principalement aux femmes, nos ateliers s’adressent aussi aux hommes et aux adolescents pour lesquels les ateliers sont généralement organisés de manière individuelle et donnés par des esthéticiennes, des visagistes et d’autres professionnels bénévoles de la beauté.

Nous avons remarqué que les hommes et les adolescents se sentaient plus à l’aise lors d’ateliers virtuels, peut-être parce que le regard des autres leur est plus difficile à affronter ou parce qu’ils se sentent plus à l’aise avec la technologie.

En pratique, quels conseils donnez-vous ?

Lors de nos ateliers qui durent 2 heures et qui sont entièrement gratuits, nous donnons des conseils de maquillage et de soins de la peau. Les femmes en cours de traitement ne font pas seulement face à la perte des cheveux, des cils et des sourcils mais aussi à une sécheresse et des rougeurs de la peau.

En plusieurs étapes, nous leur conseillons en matière de nettoyage, soin, maquillage et camouflage pour obtenir une apparence qui leur plaise et qui leur redonne confiance en elles. Chaque participante reçoit une trousse de beauté contenant de nombreux produits de soins de la peau et de maquillage.

Est-ce facile pour les personnes malades de venir vous voir ?

Un grand avantage, qui facilite la participation à nos ateliers, est notre présence dans 45 centres différents qui sont soit au sein d’un hôpital soit dans un local mis à notre disposition par la Ligue contre le cancer. Il y a forcément toujours un centre plus ou moins proche d’un patient ou la possibilité de participer à un atelier en ligne.

Auriez-vous une anecdote à partager ?

Au printemps dernier, une bénévole m’a rapporté l’histoire d’une femme d’un certain âge qui ne s’était jamais maquillée de toute sa vie. Elle avait subi une lourde opération à la tête qui lui avait laissé une grande cicatrice au niveau du front.

Source : Giphy

D’emblée, elle avait dit qu’elle n’était pas intéressée par le maquillage mais petit à petit, l’esthéticienne lui a donné des astuces pour estomper sa cicatrice puis pour mettre ses yeux en valeur et à la fin de l’atelier, cette personne portait même du rouge à lèvres et rayonnait de joie d’avoir participé à la séance.

Sur quels projets travaillez-vous pour le moment ?

Nous avons reçu beaucoup de demandes en ce qui concerne l’utilisation de perruques, foulards et turbans et nous travaillons activement à mettre sur pied un atelier qui répond à ce besoin, que nous espérons pouvoir offrir avant la fin de l’année.

De plus, nous sommes en train de développer notre offre pour les hommes ainsi que pour les adolescents que nous conseillons actuellement surtout de façon individuelle.

Quel avenir souhaitez-vous à votre organisation ?

Nous aimerions que la Fondation soit bien connue dans l’ensemble de la Suisse pour pouvoir soutenir le plus de personnes possible qui pourraient avoir un avantage à suivre nos ateliers.

Le mot de la fin ?

Il s’agit bien plus que de simples «ateliers de beauté» car en groupe, en compagnie de personnes suivant le même chemin thérapeutique, les patients ont la possibilité de se détendre, de partager des expériences et de retrouver la confiance en soi qu’ils avaient perdue.


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Des solutions existent … découvrez-les ! http://lookgoodfeelbetter.org

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