Aïe aïe … les douleurs chroniques !!

La douleur, lorsqu’elle devient chronique, affecte profondément et durablement tous les pans d’une vie. La neuromodulation constitue aujourd’hui une solution efficace contre les douleurs neuropathiques et permet de revoir l’avenir avec sérénité. Entretien auprès du PD Dr. med. Christophe Perruchoud, Médecin chef, Clinique de la douleur, Hôpital de la Tour à Meyrin.

Par Adeline Beijns

Qu’est-ce que la neuromodulation et plus spécifiquement la stimulation de la moelle épinière ?

Le terme de neuromodulation fait référence aux techniques visant à modifier l’activité du système nerveux, soit par une stimulation électrique de la moelle épinière, ce qu’on appelle la stimulation médullaire, soit par l’administration de médicaments directement au niveau du système nerveux central. Le but de la stimulation médullaire est de cibler directement les structures nerveuses impliquées dans la transmission des messages douloureux.

« Les douleurs sont réduites d’au moins 50% »

PD Dr. med. Christophe Perruchoud

Dans quel cas est-elle utilisée ?

Il s’agit d’un traitement symptomatique dont l’indication la plus courante est la douleur persistante après chirurgie du rachis, d’une hernie discale ou du canal lombaire. S’agissant d’une stimulation électrique au moyen d’électrodes implantées, la stimulation médullaire est une technique réversible et dépourvue d’effets secondaires majeurs.

Source : Giphy

Elle est également indiquée lors du syndrome douloureux régional complexe (aussi appelé maladie de Südeck), de polyneuropathies liées au diabète, après une chimiothérapie au cours de laquelle des nerfs auraient été lésés ou encore à la suite de lésions nerveuses survenant après une chirurgie ou un traumatisme.

Il existe aussi des indications plus marginales comme par exemple le traitement des douleurs ischémiques liées à un rétrécissement des artères des jambes ou du cœur.

Comment le traitement est-il administré ?

Il se réalise en deux étapes. La première consiste à implanter les électrodes au niveau du canal rachidien et à les connecter à une batterie externe, en dehors du corps. Cette première étape dite «de test» permet d’évaluer l’efficacité du système pendant environ 2 à 3 semaines sans implantation du stimulateur définitif et dans l’environnement habituel du patient.

Si, à l’issue du test, les douleurs sont réduites d’au moins 50%, nous passons à la deuxième phase du traitement au cours de laquelle les électrodes sont connectées à une petite batterie, implantée cette fois sous la peau au niveau de la paroi abdominale. Une fois le système entièrement implanté, les patients peuvent reprendre une vie quasi normale, sans contrainte particulière. Ils peuvent voyager, se baigner, faire de l’activité physique, etc. De plus, les systèmes de neuromodulation actuels sont compatibles avec l’IRM. En cas d’inefficacité lors de la phase test, les électrodes sont explantées en anesthésie locale.

Source : Giphy

Comment impacte-t-elle la qualité de vie des patients ?  

L’expérience a montré que la stimulation médullaire permet une réduction des douleurs de plus de 50% chez environ 50% des patients traités. La qualité de vie étant directement proportionnelle à l’amélioration des douleurs, l’impact est considérable et les patients peuvent reprendre une vie sociale, une activité sportive et ont un meilleur sommeil. Puisqu’aucun médicament n’est administré, il n’y a donc pas de somnolence, de problèmes gastro-intestinaux ou autres effets secondaires.

Vous souvenez-vous d’un patient pour lequel les résultats ont été particulièrement impressionnants ? 

Oui absolument, il s’agissait d’un patient qui souffrait de douleurs neuropathiques sévères à la suite d’un diabète qui avait lésé les nerfs périphériques au niveau des jambes. Il décrivait des brûlures et picotements sévères qui l’empêchaient non seulement de dormir mais aussi de marcher. La stimulation médullaire a eu un effet quasi immédiat sur la table d’opération où il a tout de suite ressenti l’effet antalgique qui s’est confirmé par la suite, puisque ses douleurs ont, pour ainsi dire, totalement disparu.

Vers quel médecin doit-on se tourner ?

En cas de douleurs neuropathiques réfractaires aux traitements médicamenteux ou à l’origine d’effets secondaires, je conseille de s’adresser à un centre de la douleur qui pratique la neuromodulation. Les médecins généralistes ne sont pas tous informés du déroulement et des avantages de cette technique et tous les centres de la douleur ne la pratiquent pas.

Source : Giphy

Il convient donc de s’adresser aux spécialistes qui pratiquent régulièrement ces techniques, non seulement pour les questions techniques mais également pour une sélection adéquate et un suivi optimal des patients. En effet, le suivi régulier des malades est fondamental pour le succès de la thérapie et nécessite au minimum une visite par année quand tout est sous contrôle.

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