La chimiothérapie ? PAS POUR TOUTES !

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Grâce à un test génomique, il est aujourd’hui possible d’éviter une chimiothérapie chez une majorité de femmes ayant un cancer du sein hormono-sensible à un stade précoce. De nouveaux résultats réjouissants ont été présentés au San Antonio Breast Cancer Symposium 2020. Un nouvel horizon se dessine pour ces patientes. Entretien auprès du Docteur Alexandre Bodmer, Médecin oncologue spécialiste FMH, responsable du Centre du Sein et de l’Unité d’Oncogynécologie médicale aux HUG.

Par Adeline Beijns

Pourquoi la chimiothérapie reste- t-elle un des traitements les plus utilisés pour combattre le cancer du sein ?

Dans certaines situations, la chimiothérapie reste un outil thérapeutique très important. Il s’agit notamment des cas de cancers à haut risque de récidive dans les 5 ans, lorsque les cellules tumorales se divisent rapidement, lorsque la tumeur est de grande taille (plus de 3 centimètres) et lorsque plus de 3 ganglions axillaires sont atteints.

Pourquoi la chimiothérapie effraie-t-elle autant les patientes et leurs proches ?

La chimiothérapie fait peur en raison de ses effets secondaires. Elle va induire, entre autres, de la fatigue, une perte des cheveux, mais aussi des nausées et éventuellement des vomissements. L’image que l’on a de la chimiothérapie c’est celle d’un poison qui nous intoxique pour détruire des cellules de l’ordre de l’invisible. Cela fait peur et pourtant, dans certaines circonstances, la chimiothérapie est très efficace et il ne faut pas y renoncer.

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Le rôle de l’oncologue est de définir, avec le plus de précision possible, les patientes qui bénéficient et celles qui ne bénéficient pas de la chimiothérapie afin de les épargner de ces effets secondaires. Les signatures génomiques permettent justement de mieux estimer le risque de récidive et de prédire le bénéfice éventuel d’une chimiothérapie adjuvante dans les cancers du sein hormono-sensibles à un stade précoce.

Quelle est la place de la chimiothérapie dans le traitement du cancer du sein et plus particulièrement dans le cancer du sein hormono-sensible à un stade précoce ?

Il n’existe pas un cancer du sein mais plusieurs types de cancer du sein, à savoir 4 grandes catégories.

La première concerne les cancers dits très hormono-sensibles qui évoluent lentement et dont le risque de récidive est faible. Ces cancers seront traités généralement par une chirurgie complétée par une hormonothérapie.

La deuxième catégorie concerne les cancers faiblement hormono-sensibles chez lesquels les cellules se divisent plus rapidement. Dans ce cas-là, la chimiothérapie peut avoir un bénéfice, bloquant les cellules à division rapide, permettant de réduire le risque de récidive.

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La troisième catégorie de cancers du sein représente les cancers dits triple-négatifs, qui ne sont pas hormono-sensibles, et qui sont généralement plus agressifs. Ces cancers nécessitent la plupart du temps une chimiothérapie.

La quatrième et dernière catégorie concerne les cancers qui présentent une surexpression du récepteur HER2. Dans ce cas-là, la chimiothérapie sera complétée par une thérapie anti-HER2.

Qu’est-ce qu’un test génomique? Permet-il d’éviter une chimiothérapie ?

Les signatures génomiques ont été développées pour les cancers hormono-sensibles pour mieux évaluer leur risque de récidive et identifier quelles patientes sont susceptibles de bénéficier d’une chimiothérapie ou non.

Le test génomique analyse l’expression de certains gènes au niveau des cellules tumorales. Selon l’expression de ces gènes, on va pouvoir mieux définir le degré d’agressivité des cellules tumorales et ainsi le bénéfice potentiel d’une chimiothérapie adjuvante.

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Lors du San Antonio Breast Cancer Symposium 2020, les résultats d’une étude relative à un test génomique ont été présentés et sont porteurs d’espoir pour de nombreuses femmes. Selon cette nouvelle étude, qui porte sur des patientes ayant un cancer du sein avec une atteinte de 1 à 3 ganglions après un suivi median de 5 ans, la chimiothérapie n’apporte pas de bénéfice chez les femmes ménopausées ayant un score de récidive entre 0 et 25 sur une échelle de 100, alors que les femmes plus jeunes, avant la ménopause, semblent, elles, tirer un bénéfice statistiquement significatif de la chimiothérapie, avec une amélioration moyenne de la survie sans rechute à 5 ans de 3%.

Est-ce qu’un tel test est pris en charge par la LAMal ?

Oui, en Suisse les tests génomiques sont pris en charge par l’assurance maladie pour les patientes avec un cancer du sein ER+, HER2-, et jusqu’à 3 ganglions atteints, pour lesquelles la question de la chimiothérapie se pose.

Plus d’informations à propos du test génomique :

www.exactsciences.fr

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