En 40 minutes, j’ai récupéré 10 années

Jean-François Guex, patient atteint d’emphysème

Il y a 15 ans, Jean-François Guex a le souffle court. C’est l’emphysème qui asphyxie le quotidien de cet ancien fumeur. Les années passent et après avoir perdu trois quarts de ses fonctions pulmonaires, des valves sont posées dans ses poumons. Depuis, Jean-François respire. Rencontre.

Par Thierry Amann

En 2004, j’ai commencé à sentir que j’avais du mal à respirer. Comme j’étais gros fumeur, je me suis dit que c’était le tabac. Qu’en ralentissant ça allait passer mais rien ne s’est amélioré. Au contraire, j’ai commencé à être freiné dans ma vie quotidienne: je ne pouvais plus monter 2 étages sans m’arrêter, je n’arrivais plus à courir. Et je me suis peu à peu habitué. Jusqu’au jour où j’ai eu une compression très violente au niveau de la poitrine accompagnée d’une grosse peine à respirer. Là j’ai eu peur et j’ai décidé de consulter, persuadé que j’avais un cancer du poumon. Le pneumologue a réalisé une batterie de tests et d’examens. Je me souviendrais toute ma vie du jour où il m’a convoqué, la mine grave, dans son petit bureau pour m’annoncer que j’avais… un emphysème. J’étais tellement soulagé que j’ai éclaté d’un rire nerveux. Mais j’ai moins ri lorsqu’il m’a expliqué que j’avais les capacités pulmonaires d’une personne de 90 ans : il ne me restait qu’un peu plus de 30 % de mes fonctions pulmonaires alors que je n’avais que 53 ans…

Quels ont été les traitements envisagés par les médecins ?

Les médecins m’ont d’abord prescrit des produits pour dilater les bronches ce qui m’a soulagé, mais j’étais toujours gêné, j’avais perdu beaucoup de poids, de masse musculaire ; j’ai donc demandé il y a deux ans d’autres solutions à mon pneumologue. Nous avons envisagé un temps la transplantation pulmonaire mais je n’étais pas assez atteint pour en bénéficier. Il restait donc 2 autres options : la première, repérer les zones mortes dans mes poumons et les supprimer pour redonner de l’espace aux zones viables. Mais là encore mon poumon n’était pas assez atteint. La deuxième solution était de condamner la zone morte avec des valves, c’est-à-dire d’empêcher l’air d’entrer tout en lui permettant de ressortir pour diminuer la taille du poumon. Nous avons choisi cette option, j’ai été opéré en novembre dernier.

Comment s’est déroulée l’opération ?

L’intervention a duré environ 40 minutes sous anesthésie générale, ils ont glissé les valves par les voies respiratoires; je n’ai donc eu aucune cicatrice. Je suis resté ensuite 5 jours à l’hôpital en observation car il y a un risque de contracter un pneumothorax. Au bout de 3 mois j’ai commencé à ressentir les bénéfices sur mon souffle et ma vie quotidienne.

En quoi cette opération a-t-elle amélioré votre état de santé et votre souffle ?

Je vais mieux, j’ai plus d’énergie, je mange mieux. Quant à la respiration, je mets beau- coup moins de temps à récupérer. Je peux aujourd’hui monter 4 étages sans m’arrêter. Je reste tout de même atteint mais j’ai l’impression d’avoir récupéré en seulement 40 minutes d’intervention les 10 % de fonctions pulmonaires que j’ai perdues en 10 ans, et comme il ne m’en restait que 30 % je sens vraiment la différence. Ça a largement amélioré mon quotidien, ça m’a redonné un coup de fouet.

Comment envisagez-vous la suite ? Avez- vous fait une croix sur la transplantation ?

Je me dis que si les valves me permettent de ne perdre qu’un pour cent de mes capacités pulmonaires tous les ans et que je peux tenir jusqu’à 85 ans, j’oublie la transplantation. Si ça se dégrade vraiment dans les 2-3 prochaines années, on envisagera la greffe pulmonaire. On fera donc le nécessaire avec mon pneumologue pour que je sois inscrit sur une liste d’attente.

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